Nature à l’œuvre
Labourage nivernais (1849) de Rosa BONHEUR
« Lorsque parut le Labourage nivernais, au Salon, le fracas de l’admiration fut indescriptible. Il se trouva des critiques pour affirmer que cette jeune peintresse de vingt-six ans venait tout simplement de renouveler la face de l’art français ».

Rosa BONHEUR (1822–1899)
Personnalité marquante de son époque, sa reconnaissance dans la sphère artistique ne provient que de son talent, rivalisant avec celui des artistes contemporains masculins.
Née à Bordeaux, au Château de Grimont, le 16 mars 1822, elle est la fille aînée du peintre Raymond Bonheur et de Sophie Marquis.
Ses parents, rapidement désargentés doivent déménager à Paris où elle reçoit une éducation empreinte de Saint-Simonisme. Orpheline de mère à 11 ans, une dure adolescence la contraint à apprendre très tôt le métier de couturière. C’est en assistant son père dans son atelier de peinture, qu’elle découvre son enclin pour la peinture et qu’elle y révèle ses talents.
L’accès à l’École des Beaux-arts n’était pour lors pas consenti aux femmes, pour des raisons de décences liées au dessin anatomique et au nu. Cependant, malgré sa grande jeunesse, dès 1841, elle expose au Salon, puis s’en suivra une ascension fulgurante.
Son amitié avec Nathalie Micas, peintre elle-même et amie d’enfance, (dont Raymond Bonheur fera le portrait), deviendra sa compagne mais décèdera 10 ans avant elle (21/06/1889).
Amitié forte avec Anna Klumpke, également peintre et originaire de Californie, qui confirme sa popularité internationale à l’époque. Elle rencontre cette dernière en 1898 et l’autorisera à peindre son portrait. La joie que lui procure sa présence dans sa vie vieillissante, incite Rosa Bonheur à la sédentariser au château de By, Seine-et-Marne (aujourd’hui musée dédié à l’artiste). Elle lui fait édifier un atelier contre une promesse de rester auprès d’elle jusqu’à sa mort. Elles y mènent une vie libre, conforme à leurs idéaux, au milieu d’animaux (lions, cerfs, moutons, chevaux…).
À la fin de sa vie, l’artiste lui dictera des notes sur son lit afin de rédiger sa biographie.
Elle décède le 25 mai 1899 au château de By et est inhumée au Père-Lachaise.
Oubliée par l’histoire de l’art, malgré sa notoriété internationale tout au long du 19e siècle, son nom réapparaît dans le milieu des mouvements féministes américains des années 1970 qui l’exemplifient davantage pour son engagement que pour les motifs de ses toiles. Une exposition monographique a été conjointement organisée en 2022 au musée des Beaux-arts de Bordeaux et au musée d’Orsay à Paris.
« J’avais pour les étables un goût plus irrésistible que jamais courtisan pour les antichambres royales ou impériales. »
De son vivant elle est la première femme à recevoir la Légion d’honneur, remise par l’impératrice Eugénie et la médaille d’Honneur de la Société des Artistes français. à titre posthume. Ses motifs la rendent très célèbre à son époque, la peinture animalière étant très appréciée depuis l’abolition de la hiérarchie des genres.
Sources : https://www.musba-bordeaux.fr/fr/article/rosa-bonheur-a-bordeaux
Script de l’audio :
Rosa Bonheur : hors du temps
Cette présentation s’adresse principalement aux élèves de terminale suivant l’enseignement de spécialité arts plastiques. Aujourd’hui, nous allons explorer en profondeur la vie et l’oeuvre de Rosa Bonheur, l’une des artistes françaises les plus célèbres du 19ᵉ siècle. Son vrai nom était Marie Rosalie Bonheur, mais elle a conservé le surnom de Rosa, comme on le fait souvent pour simplifier ou personnaliser un prénom.Avant de commencer, quelques précisions : ce contenu n’a pas valeur académique officielle. Il s’appuie sur diverses sources – livres, articles, podcasts – que vous pourrez consulter pour approfondir. L’objectif est de proposer une synthèse accessible et fluide qui permette de comprendre Rosa Bonheur, sans remplacer un cours avec un professeur en présentiel.J’ai intitulé cette présentation « Rosa Bonheur hors du temps ». Ce titre reflète bien la singularité de cette artiste. Rosa Bonheur était profondément moderne pour son époque. Elle se distingue par son indépendance, son rapport particulier aux animaux et à la nature, et par sa capacité à s’affirmer comme femme artiste dans un monde dominé par les hommes. Son mode de vie et ses idées semblent étonnamment contemporains.
Le 19ᵉ siècle : contexte historique et artistique
Pour comprendre Rosa Bonheur, il est essentiel de replacer son oeuvre dans le contexte du 19ᵉ siècle, une période riche et complexe. Sur le plan historique, la France traverse de nombreuses transformations : la monarchie cède la place à la République, suivie par l’Empire, puis la Commune, et enfin la République à nouveau, le tout marqué par une profonde instabilité politique. C’est ce contexte politique mouvementé et parfois instable, qui influence la sensibilité artistique de l’époque.Sur le plan artistique, le 19ᵉ siècle est souvent appelé le siècle des « ismes » en raison de la succession rapide de courants : romantisme, orientalisme, naturalisme, académisme – que certains appellent aussi “art pompier” –, réalisme, puis impressionnisme. Rosa Bonheur se situe un peu en marge de ces mouvements. Elle n’adhère ni au réalisme de Gustave Courbet ni au naturalisme de Jules Bastien-Lepage, même si certains critiques ont parfois tenté de la classer dans ces catégories. Sa peinture ne cherche pas à révolutionner les codes de l’art de son temps, contrairement à des contemporains comme Courbet, Monet ou Degas. Ce qui l’intéresse, c’est l’observation attentive de la nature et des animaux et la manière de retranscrire cette fascination dans ses oeuvres.
Jeunesse et formation
Rosa Bonheur naît en 1822 à Bordeaux. Sa mère, Sophie Marquis, issue d’une famille bourgeoise, meurt lorsque Rosa a dix ans. Cette perte laisse une empreinte profonde. Son père, Raymond Bonheur, professeur de dessin, encourage Rosa et ses frères et soeurs à suivre une voie artistique. Dès son plus jeune âge, Rosa manifeste un talent particulier pour le dessin des animaux, cultivé lors des étés passés dans le château de son grand-père à Quinsac, près de Bordeaux.En 1828, la famille s’installe à Paris. La vie y est plus difficile : Raymond Bonheur n’a pas le succès escompté et connaît des périodes de précarité. Sophie Marquis contribue à la subsistance du foyer en effectuant des travaux de couture et en donnant des leçons de piano. La mort de sa mère épuisée en 1833 bouleverse Rosa. Cet événement dramatique marque durablement la fillette qui se jure de devenir un grand peintre et de ne jamais se marier. Pourtant, Rosa reçoit une éducation classique destinée à former la jeune fille aux tâches ménagères et à être une bonne épouse…Cet événement dramatique marque durablement la fillette qui se jure de devenir un grand peintre et de ne jamais se marier. Pourtant, Rosa reçoit une éducation classique destinée à former la jeune fille aux tâches ménagères et à être une bonne épouse…Rosa commence donc un apprentissage de couture, mais refuse de s’y conformer, de se plier aux contraintes imposées aux femmes. Son père finit par lui permettre de rejoindre son atelier de peinture et de dessin. Très tôt, elle montre une aptitude exceptionnelle pour l’observation et la représentation des animaux, à la fois sur le plan anatomique et psychologique.
Musee d’Orsay : https://www.musee-orsay.fr/fr/oeuvres/labourage-nivernais-68
Dossier thématique – Rosa BONHEUR : https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/dossiers-thematiques/marie-rosalie-bonheur-dite-rosa-bonheur-artiste-peintre-et-sculptrice-1822-1899/
Le Marché aux chevaux, 1852, huile sur toile, 244,5 × 506,7 cm, The Metropolitan Museum of Art, New York : https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/tableaux/le-marche-aux-chevaux
Épreuve d’enseignement de spécialité, 17 juin 2025 : Représenter la nature

