Conçu sous la forme d’un diptyque, vous réaliserez un projet artistique mettant en évidence l’interaction et le récit entre les deux panneaux, les deux tableaux.
« La juxtaposition de deux fragments de film ressemble plus à leur produit qu’à leur somme. » Sergei EISENSTEIN
Hors-cadre, Postface au Cinéma japonais de Nikolaï Kaufman, Tea-Kino-petchat, février 1929, pp. 72-92 ; Les Cahiers de l’Art, 1930, n°1 et n°2 (sous le titre Le principe cinématographique et la peinture japonaise).
Dans ce projet, vous essaierez de dégager un élément, une notion ou une idée servant de lien sémantique* pour créer le dialogue entre les deux images.
*Sémantique : adj. relatif à l’étude du sens.

Les liens narratifs émergent entre deux images, grâce à des éléments formels et à des traits spécifiques identifiés dans chacune d’entre elles. Ces liens s’appuient sur les attentes du lecteur et s’inspirent des stéréotypes véhiculés par les conventions sociales. Dans l’exemple ci-dessus, la seconde image sert de point de départ pour interpréter la première, qui prend un sens différent à chaque fois, comme si elle était accompagnée d’une légende différente.
Le saviez-vous ?
Photographier ou filmer à partir d’un smartphone permet plus que d’autres appareils de capturer des instants fugitifs, pris sur le vif. L’appareil photographique et la caméra vidéo classique imposent la décision de capter à un moment choisi, alors que le téléphone portable permet de photographier ou filmer des moments spontanés.
Alors, pourquoi ne pas utiliser votre téléphone portable comme un outil de création ?
Objectifs pédagogiques
La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :
- choisir, organiser, composer la représentation à des fins d’expression en s’éloignant des stéréotypes
- travailler les questions liées à l’image à des fins narratives, symboliques, poétiques, sensibles, imaginaires… au travers la création de deux panneaux d’un diptyque.
Questions
En quoi la narration modifie-t-elle le dispositif de représentation ? Et inversement ?
Le diptyque propose-t-il de lui-même un ordre de lecture ? Dans quelle mesure l’organisation ou l’agencement plastique des images peuvent-ils raconter une histoire ?
En quoi la narration visuelle joue-t-elle de la valeur expressive de l’écart entre le référent et sa représentation ? Comment une suite d’images fait-elle sens ? Dans quelle mesure deux images peuvent-elles créer la continuité narrative ?
[Cf. La figuration et la construction de l’image]
Commentaires audio de Gus Van Sant : les « non moments » dans le cinéma, On aura tout vu, émission du 19 octobre 2007 sur France Inter.
- Paranoid Park (2007),
- Last Days (2004),
- Elephant (2003),
- Gerry (2002),
- Will Hunting (1997).
- Vitrail de la Parabole du bon Samaritain, Cathédrale de Bourges, 13e siècle
- Piero Della FRANCESCA (1412-1492), La Flagellation du Christ, vers 1455, tempera sur panneau, 58,4×85,1 cm, Galleria Nazionale delle Marche, Urbino
- Sandro BOTTICELLI (1444-1510), L’Histoire de Nastagio degli Onesti, 1483, série de 4 panneaux (83×138 cm), tempera sur bois, Musée du Prado, Madrid et Palazzo Pucci, Florence. L’Histoire de Nastagio degli Onesti est une série de peinture de Sandro Botticelli exécutés en 1483 sur commande de Laurent le Magnifique afin de faire un cadeau de mariage à Giannozzo Pucci et Lucrezia Bini.
Nastagio degli Onesti, personnage noble dont les avances amoureuses sont repoussées par la dame de ses pensées, assiste dans le bois de Ravenne à une scène irréelle : un ancien amoureux et sa dame qui se refusait à lui, déjà tous les morts depuis un temps, sont condamnés à répéter éternellement une scène de chasse tragique qui voit le cavalier assassiner sa belle et la donner à manger à ses chiens.
Onesti décide de profiter de la situation et organise un banquet dans la forêt pour que ses convives assistent à la scène dans le but de convaincre sa dame de la destinée fatale qu’elle risque de subir. La dame convaincue d’échapper ainsi à un sort similaire, accepte les avances amoureuses d’Onesti. Ils se marient. - Matthias GRÜNEWALD (1470-1528), Le retable d’Issenheim, 1512 et 1516, tempera et huile sur bois de tilleul, Musée Unterlinden, Colmar

- Le CARAVAGE (1571-1610), Narcisse, 1597-1599, huile sur toile, 110×92 cm, Galleria Nazionale d’Arte Antica, Rome
- James ROSENQUIST (1933-2017), President Elect, huile sur panneau, 228×366 cm, 1960-1961, Centre Pompidou, Paris
- Christian BOLTANSKI (1944-2021), L’Album de la famille D, 1971, installation, 150 tirages noir et blanc encadrés de fer blanc, 220×450 cm. « Nous n’apprenons rien sur ce qu’a été la vie de la famille pendant vingt-cinq ans, ces images de rituels familiaux nous renvoient à nos propres souvenirs, à nous-mêmes, tous les albums de photos, à l’intérieur d’une société donnée, sont à peu près identiques, ils ne représentent pas la réalité, mais la réalité de l’album de photos. » _ Christian Boltanski, les modèles – cinq relations entre texte & image, entretien avec Irmeline Lebeer, 1979.
- Duane MICHALS (1932-), Things are queer, suite de neuf photographies, 1973. Les jeux entre les espaces perçus et les changements d’échelle lors de la lecture des différentes images font perdre les repères au spectateur, plaçant le spectateur en face des contradictions entre ce qui est vu et ce qu’il pense voir.
- Mac ADAMS (1943-),The Lost Bather, 1978, diptyque photographique, 76x 100,2cm de la série The Mysteries, 1973-1980 – http://www.macadamsstudio.com

- Sophie CALLE (1953-), La Filature, 1981, diptyque composé de textes et de photographies, Centre Pompidou, Paris. « Selon mes instructions, dans le courant du mois d’avril 1981, ma mère s’est rendue à l’agence Duluc détectives privés. Elle a demandé qu’on me prenne en filature et a réclamé un compte rendu écrit de mon emploi du temps ainsi qu’une série de photographies à titre de preuves. » Le récit à double-voix pose la question de la subjectivité. Qui observe qui ?
- John BALDESSARI (1931-2020), Two stories, 1987, huile, acrylique et photographies sur panneaux, 243,7×128,3 cm
- Patrick TOSANI (1954-), H (série des Cuillères), 1988, photographie couleur, cibachrome, 182×120 cm
- Ange LECCIA (1952-), Je veux ce que je veux, 1989-2003, 4 photographies couleur contrecollées sur aluminium et 2 motos rouges Honda VFR 750 F (Honda VFR 800 grises à partir de 2003), dimensions variables, Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne


- Jacques MONORY (1924-2018), Robert Aldrich, 1991, acrylique sur toile, 178×232 cm

- Pascal KERN (1952-2008), Sculpture, 1994, diptyque photographique, tirages Cibachrome, encadrement bois
- Jacques MONORY (1924-2018), La vie imaginaire de Jonq’ Erouas, 2002, huile sur toile, 176×354 cm
Références aux programmes
Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques
La figuration et l’image ; la non-figuration
– La figuration et la construction de l’image : espaces et dispositifs de la narration (séquences visuelles, polyptyques, installations)
*Photographie mise en avant : Untitled 2, Half Truths (2002) de Mac ADAMS