Mon corps et rien d’autre… ou presque

Proposez une création plastique centrée sur votre corps et ses possibilités.

#corps #performance #event #body-art #action #geste

Questions

Pourquoi l’auteur fait-il de son corps un médium artistique avec lequel l’action réalisée en public par l’artiste constitue l’œuvre ?

Dans quelles limites l’art de la performance offre-t-il un mode d’expression artistique critique ? Comment l’artiste l’utilise-t-il ?


Comment envisagez-vous le langage du geste construit par toutes les possibilités du corps, la danse et la chorégraphie, la musique et les pratiques sonores au cœur d’une production plastique ?

Objectifs

Les objectifs de la séquence sont d’amener les élèves à :

  • comprendre les enjeux et mettre en œuvre les principes et les modalités de la performance
  • documenter une performance par la photographie ou la vidéo en posant la question du geste artistique, du point de vue de ce qui le motive, de son processus et de sa résultante
  • travailler les questions liées à cette documentation dans le cadre d’une approche sensible et artistique.

Séance #1

Échauffement.

  1. Choisissez une locution imagée (idiomatique) utilisant de préférence un terme appartenant au champ lexical des arts plastiques (: sortir du cadre, brosser le tableau, mettre en abyme, prendre la pose, crever l’écran…) ; définissez-en le sens littéral
  2. Proposez une mise en images (: croquis) du sens défini ; réalisez le storyboard, prévoir la mise en scène, les accessoires, etc.
  3. Expérimentez l’espace, répéter le jeu d’acteur du performeur
  4. Captez la performance.

Séance #2 et #3

Conception et captation de la performance interrogeant le geste artistique.

  1. Choisissez, analysez et définissez votre geste artistique du point de vue sémantique, social, culturel, iconique, symbolique (carte mentale ou brainstorming)
  2. Réalisez des croquis qui vous serviront de support à la mise en scène, mais ausis à la documentation de la performance
  3. Listez le matériel et les accessoires nécessaires à la réalisation de votre performance
  4. Répétez, améliorez votre jeu d’acteur du ou des performeurs
  5. Le jour de la captation, organisez-vous et ne vous précipitez pas ; prenez soin à la qualité de l’image (cadrage, mise au point, lumière, etc.) et faites attention aux éléments parasites (bruit, bougé, changement de luminosité, etc.).
  6. La performance a eu lieu. Formalisez la mise en espace de vos croquis et de la captation pour leur présentation et diffusion à un large public.

Références artistiques possibles

  • Hugo BALL (1886-1927), Karawane, 1916, poème phonétique, Cabaret Voltaire, Zurich – https://youtu.be/z-Ao5ZQ0nlshttps://youtu.be/PWKP5OAsYZk
  • Hans NAMUTH (1915-1990), Jackson POLLOCK 51, 1951, documentaire noir et blanc où l’on voit POLLOCK (1912-1956) au travail, 10 min – https://youtu.be/6cgBvpjwOGo
  • John CAGE (1912-1992), 4’33, 1952, expérimentation, composition musicale de 4 min 33 de silence en 3 mouvements créée par David TUDOR le 29 août 1952 au Maverick Concert Hall de Woodstock dans l’État de New York. https://fr.wikipedia.org/wiki/4’33 »
  • Saburo MURAKAMI (1925-1996), Muttsu no ana (6 Holes), 1955, happening kami-yaburi, First Gutai Art Exhibition au Ohara Hall à Tokyo, Japon – https://youtu.be/8dKqkoR4HTg
  • Allan KAPROW (1927-2006), 18 Happenings in 6 Parts, 1959, environnement, galerie Reuben, NY
  • Yves KLEIN (1928-1962), Anthropométries en bleu, performance (rituel) ayant eu lieu en public le 9 mars 1960 à la Galerie internationale d’Art contemporain de Paris
  • Kazuo SHIRAGA (1924-2008), Chizensei Konseimao (Planète Nature), 1960, huile sur toile, issue d’un acte performatif inédit, cette peinture est produite par l’artiste qui, suspendu à une corde, étale la couleur avec ses pieds, 161,5 x 130 cm, Centre Pompidou, Paris
  • Allan KAPROW (1927-2006), Yard, 1961, environnement, exposition collective « Environments, situations, spaces« , Martha Jackson Gallery, NY (George Brecht, James Dine, Walter Gaudnek, Allan Kaprow, Claes Oldenburg, Robert Whitman)
  • Piero MANZONI (1933-1963), Sculpture vivante, 1961, l’artiste signe plusieurs personnes les transformant ainsi en sculptures vivantes
  • Yoko ONO (1933-), Découpe œuvre (Cut Piece), 1964, performance présentée pour la première fois à Kyoto en juillet 1964 : Yoko Ono arrive sur la scène, s’assoit, pose une paire de ciseaux devant elle et demande aux spectateurs de monter un par un sur la scène, de couper un morceau de son vêtement (où ils le désirent) et de l’emporter.
  • Joseph BEUYS (1921-1986), Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort (Wie Man Dem Toten Hasen die Bilder erklärt), 26 nov 1965, performance présentée à la galerie Schmela à Düsseldorf, Allemagne – https://fr.wikipedia.org/wiki/Comment_expliquer_les_tableaux_à_un_lièvre_mort
  • GILBERT (1943-) & GEORGE (1942-), The singing sculpture, 1970, performance, galerie Sonnabend à New-York, USA. Les artistes debout, généralement sur une table, entonnent en playback une chanson populaire connue durant la Seconde Guerre mondiale. Leur visage est peint. Un gant et une canne constituent les accessoires qu’ils s’échangent à la fin de la chanson. Cette œuvre définira les bases de leur vie comme sculpture vivante. Elle permet aux élèves de comprendre l’un des principes de la performance : être dans le même espace, à un instant donné, pour être témoin de l’œuvre en train de se faire. Le corps de l’artiste devient un langage artistique, les limites entre l’art et la vie disparaissent
  • Dennis OPPENHEIM (1938-2011), Parallel stress, mai 1970, deux performances, sur une jetée de béton et sur le sol d’un dépotoir abandonné, Long Island, New York
  • Vito ACCONCI (1940-2017), 3 Adaptation Studies (Blindfolded catching, Hand and Mouth, Soap and Eyes), 1970, films en super-8, noir et blanc, 3 min chacun, Coll. MACBA, Barcelone. Dans Three Adaptation Studies, Vito ACCONCI résiste physiquement à trois situations simples, mais inconfortables. Dans le premier film, l’artiste, les yeux bandés, tente d’esquiver une série de balles qui lui sont lancées. Dans le second, il essaie de garder les yeux grands ouverts alors que son visage est recouvert de savon. Et dans le troisième, il essaie d’insérer tout son poing dans sa bouche. Par ces actions impliquant une certaine adversité, il impose aux spectateurs la réaction des sens et du corps.
  • Peter CAMPUS (1937-), Three Transitions, 1973, vidéo, 4 min 53, Coll. MoMA – https://www.moma.org/collection/works/88833
  • Joseph BEUYS (1921-1986), Coyote: I like America and America likes me, mai 1974, Düsseldorf – New York (galerie René Block, NY)
  • Hannah WILKE (1940-1993), S.O.S. Starification Object Series: An Adult Game of Mastication (Mastication Box), 1974-1975, installation, papier, carton, gomme, Plexiglas, épreuves gélatino-argentiques, Centre Pompidou, Paris. L’œuvre est composée des éléments suivants :
    • un ensemble de 28 photographies noir et blanc présentées sous un cadre
    • une photographie noir et blanc repésentant l’artiste « S.O.S. (Tie) »
    • un texte encadré d’instructions de jeu « Starification »
    • une boîte de jeux contenant 8 photographies noir et blanc numérotées, 50 cartes à jouer, 16 paquets de chewing-gum chiclets
    • un ensemble de 12 sculptures en chewing-gum, chacune dans une boîte en Plexiglas signée et datée de 1976 à 1984
  • ORLAN (1947-), Le Baiser de l’artiste, 1977, performance
  • Marina ABRAMOVIĆ (1946-)et ULAY (1943-2020), Light/ Dark, 1977, performance présentée au public au Kunstmarkt de Cologne. Abramović/ Ulay sont à genoux l’un en face de l’autre, éclairés par deux sources de lumière. L’arrière-plan est sombre. Ils se regardent et se donnent l’un à l’autre une gifle, d’abord sur un rythme lent, puis plus rapidement, jusqu’à ce que l’un s’arrête au bout d’environ 20 minutes. https://youtu.be/t-j0Ey2O4HU
  • Cindy SHERMAN (1954-), Untitled Film Stills (1977–80), série de photographies dans laquelle l’artiste revêt des déguisements et se photographie dans divers décors avec des accessoires délibérément sélectionnés pour créer des scènes qui ressemblent à celles des films de série B du milieu du 20e siècle
  • Laurie ANDERSON (1947-), United States, 1982, 8h, chansons, récits, projections
  • Mona HATOUM (1952-), Performance Still, 1985-1995, performance, photographie, tirage argentique à la gélatine sur papier, monté sur aluminium, 76×113 cm, Coll. Tate, Londres. L’artiste s’est fait connaître au début des années 1980 pour une série de performances et de vidéos qui utilisaient son propre corps comme lieu pour explorer la fragilité et la force de la condition humaine sous la contrainte. Performance Still enregistre l’une des trois performances de rue que Mona Hatoum a réalisées à Brixton pour l’exposition Roadworks organisée en 1985. La performance consistait en l’artiste marchant pieds nus dans les rues de Brixton pendant près d’une heure, avec des bottes Doc Marten attachées à ses chevilles par leurs lacets.
  • Pipilotti RIST (1962-), I’m not The Girl Who Misses Much, 1986, vidéo, 5 min. Cette vidéo pose les bases des recherches formelles de l’artiste : la combinaison de la musique et de l’image, la manipulation de la bande, l’utilisation des défauts de la vidéo, le montage serré, la dérision… Pour cette vidéo, l’artiste en plan serré et flou s’agite plus rapidement que la normale et chante d’une manière obsessionnelle, jusqu’à l’épuisement, les paroles de la chanson des Beatles Happiness Is a Warm Gun, écrite par John Lennon. Comme dans toutes les œuvres vidéo qui vont suivre, l’artiste ignore toute construction narrative au profit d’un travail plastique de l’image et de recherches sonores plus ou moins dissonantes. https://youtu.be/hjvWXiUp1hI (Cf. Happiness Is a Warm Gun, The Beatles, 1968)
  • Bruce NAUMAN (1941-), Anthro/socio, 1992, installation vidéo. Sur trois surfaces de projection et six moniteurs, la tête d’un homme est montrée dans différentes prises. Tout en tournant continuellement autour de son propre axe, dans une variété de tonalités, elle chante « Feed me, eat me, anthropology », « Help me, hurt me, sociology » et « Feed me, help me, eat me, hurt me ».
  • Bill VIOLA (1951-2024), The Greeting, 1995, installation vidéo inspirée de la Visitation du peintre maniériste Jacopo da PONTORMO, 10 min (temps réel dilaté 45 s)
  • Stephanie SMITH (1968-)/ Edward STEWART (1961-), Mouth to Mouth, 1995, vidéo, Coll. Tate, Londres. Mouth to Mouth est une courte vidéo en noir et blanc illustrant une action répétée mise en scène par les artistes, Stephanie Smith et Edward Stewart. La vidéo de deux minutes et demie est bouclée et affichée sur un petit moniteur. La vidéo montre un homme, Edward Stewart, portant une chemise et un pantalon et allongé dans une baignoire sous l’eau. Alors qu’il relâche bruyamment son souffle et que des bulles remontent à la surface de l’eau, une femme, Stephanie Smith, se penche sur lui dans le cadre de la caméra et lui insuffle l’air de ses propres poumons. Elle se retire; il reste immobile en retenant son souffle…
  • Erwin WURM (1954-), One Minute Sculptures, performances, série de photographies, 1997-1998. Erwin Wurm s’est d’abord fait connaître, dans les années 1990, pour son utilisation du vêtement, présenté de façon isolée ou en association avec le corps, selon des configurations inédites et absurdes. Étiré, porté à contresens, superposé à l’excès, il offre autant de nouvelles propositions d’enveloppes pour le corps et suggère d’improbables morphologies. Dans les « One Minute Sculptures », des objets pris dans un environnement immédiat et des modèles faisant preuve d’une certaine « docilité » sont associés sans hiérarchie les uns aux autres ou à des éléments architecturaux (murs, sol…), en intérieur ou en extérieur, pour former autant de sculptures provisoires, reposant sur un équilibre précaire
  • Vanessa BEECROFT (1969-), Show VB 35, 1998, tableau vivant de 20 performeurs (15 en bikini et 5 nus), 2h30,Guggenheim Museum, NY
  • Willi DORNER (1959-), Bodies in Urban Space, performances, série de photographies depuis 2004. S’immiscer dans un interstice, embrasser une colonne, s’imbriquer dans un banc, faire corps avec une porte : Willi Dorner (chorégraphe autrichien) invente de surprenantes sculptures humaines qui transforment la ville en un terrain de jeu.

L’art de la performance

« Choquer le public est inévitable si l’on veut que le public soit arraché à sa confortable anesthésie. »

Susan SONTAG (1933-2004), essayiste, romancière américaine. Autrice engagée, elle a beaucoup écrit sur les médias et la culture.

Depuis le début du 20e siècle, des artistes ont cherché à agir de façon plus directe sur la société, à lutter contre des institutions qu’ils considéraient comme trop conservatrices… Le futurisme, le dadaïsme et bien d’autres introduisent la présence physique de l’artiste dans l’expression artistique.

Au début des années 50, une intensification des liens entre les arts plastiques et le spectacle vivant est observée avec les apports déterminants de John CAGE pour la musique, Merce CUNNINGHAM pour la danse ou encore Julian BECK et le Living Theater pour le théâtre.

L’importance du fait corporel acquiert à cette période, une réelle autonomie par rapport à l’activité picturale dans des mouvements comme l’Action Painting aux USA ou encore Gutai au Japon. La poésie-action, la poésie sonore, ainsi que Klein et ses « anthropométries », mais surtout le Happening puis « Fluxus » et à la fin des années 60, l’art corporel, ne cessent de privilégier le rapport direct de l’artiste avec « son » public.

What is Performance Art, Marina Abramović, MoMA, vidéo 1’55

L’art de la performance est à ses débuts, très proche de l’art corporel, le corps étant largement mis à contribution dans des actions parfois éprouvantes physiquement.

Cependant, assez rapidement, cette nouvelle forme d’expression marque la fin des tendances dures de l’art corporel. Les manifestations sont plus « théâtralisées » et font intervenir des éléments divers, extérieurs au corps. Elles font appel, dès les années 80, aux technologies utilisant alors des moyens cinématographiques ou vidéographiques avec des matériels sophistiqués de sonorisation et de lumière. Le terme « artiste-performeur multimédia » apparait.

Ces années marquent la fin des démarches de type revendicatif et sociologique de l »après-1968. Les nouveaux supports ravissent au corps son hégémonie et introduisent de nouvelles notions perceptives en multipliant et fragmentant l’image.

La performance établit un nouveau rapport avec le public, l’espace et le temps. Cette activité artistique qui fait intervenir musique, danse, poésie , vidéo, est cependant différente du théâtre : il s’agit d’une action et non d’une représentation. Elle ne peut pas être répétée, car elle tient compte des relations avec le public et l’espace. Il n’y a ni scène ni texte, bien qu’il y ait des accessoires et un scénario plus ou moins précis.

La durée est variable de quelques minutes à plusieurs jours.

La présence de l’artiste est fondamentale.

C’est avant tout l’affirmation d’une identité. Il n’y a pas de participation active du public comme dans le Happening. Mais sa présence est indispensable, car lui seul garde la trace, la mémoire de cet évènement difficilement transmissible par la photographie ou la vidéo : il s’agit avant tout du partage d’une émotion.

« L’art performance n’existe que dans la mémoire du spectateur. »

Jochen GERZ (1940-), artiste conceptuel allemand

Le performeur aborde différentes questions :

  • l’interrogation sur le corps et les données sensorielles, la parole et le geste,
  • sa propre situation, sa vie d’artiste, les expériences survenues dans son travail,
  • la représentation de soi, l’importance du moi, l’étude du comportement, la relation entre les êtres, les comportements sociaux,
  • la critique de la société.

Les artistes de la performance transposeront progressivement leurs actions en vidéo, l’utilisation de ce médium modifiant peu à peu leur pratique.

Glossaire (source Wikipédia)

  • Action : pratique artistique reconnaissable par les critères performatifs que les artistes s’imposent : elle passe par l’expression du corps tant individuel que social, elle s’inscrit dans le présent, elle explore des espaces privées et publics et elles participe aux mouvements historiques et aux concepts artistiques innovants. L’analyse critique fait partie de la démarche des artistes.
  • Body Art : ensemble de pratiques et de dispositifs qui placent le langage du corps au centre d’un travail artistique. Dans certains cas, l’artiste fait de son corps une œuvre d’art à part entière. Les concepts entre autres de performance, d’installation, de contextualisation nourrissent ces créations qui transforment profondément l’art contemporain à partir des années 1950.
  • Event : œuvre qui se caractérise par le fait que c’est le spectateur qui la constitue. L’artiste ou le groupe d’artistes dispose et utilise dans un lieu des objets, des peintures, mais aussi des sons, des films que le spectateur va s’approprier pour créer lui-même une œuvre.
  • Happening : performance (au sens anglais du mot : « représentation »), un événement ou une situation qui peuvent être considérés comme un art. Utilisé pour la première fois dans la langue française en 19641, ce substantif est emprunté à l’anglais (participe présent du verbe to happen : arriver, se produire). Une traduction possible serait une « intervention artistique ». Le happening se distingue de la performance par son caractère spontané et le fait qu’il exige la participation active du public, public qui n’est plus considéré tel quel, mais considéré comme intervenant.
  • Performance : action réalisée par l’artiste ou d’autres participants en direct ou enregistrée, spontanée ou scénarisée.
  • Environnement : de la définition du terme environnement, Allan KAPROW reprend le sens littéral « ce qui entoure », et précise que « les choses qui le composent ne sont pas nécessairement organisées avec soin, pour établir une cohérence extérieure. Elles sont plutôt arrangées pour produire une interaction entre la personne qui est entourée et les choses qui l’entourent. » En rendant les éléments dynamiques par l’action du visiteur, l’environnement se présente comme une œuvre non figée, ouverte aux variations. Dans Yard, « les visiteurs étaient encouragés à marcher sur les pneus et à les jeter à leur guise. »
Allan KAPROW, Yard, 1961, environnement, exposition collective « Environments, situations, spaces », NY

Gutai

Le terme Gutai est un néologisme formé des caractères outil (具) et corps (体) ou gu pour l’instrument et tai pour le corps ; ce qui signifie le corps comme instrument. L’adjectif gutaiteki qui signifie concret s’oppose à l’abstrait, c’est-à-dire à l’art abstrait.
Le mouvement artistique met en lumière l’importance du matériau et le rôle dévolu au corps de l’artiste. Les performances et la gestualité picturale sont (re)découverts par le mouvement Gutai. Il accorde une place essentielle aux œuvres in situ. C’est souvent un art éphémère qui ne laisse de traces que par la photographie. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gutai

Gutai l’a fait :

  • Tirer à l’arc des flèches de couleur sur une immense toile
  • Creuser des trous dans la terre et les éclairer
  • Peindre à l’aide d’un canon bourré de peinture émaillée
  • S’enfermer dans un sac pendu à un arbre
  • Traverser des écrans de papier
  • Lutter de tout son corps dans du béton avant sa prise
  • Peindre à l’aide d’un vibreur électrique
  • Faire une toile de 100m de long qui monte dans des arbres
  • Confectionner un manteau d’ampoules éclairantes
  • Téléguider un jouet qui inscrit une ligne
  • Lancer des cerfs-volants en tant que peintures abstraites
  • Peindre avec les pieds
  • Coller des miroirs dans un tableau
  • Peindre avec un arrosoir
  • Créer un cadre de toile pour observer le ciel comme un tableau
  • Faire de la peinture d’action sur du métal avec de l’acide
  • Accumuler de bidons d’huile
  • Exposer un panneau couvert de graffitis
  • Exposer des draps peints monochromes
  • Exposer des piquets alignés dans le sol
  • Exposer des ronds de fumée
  • Exposer des signaux d’alarme de passage à niveau
  • Exposer des sculptures rondes gonflées à l’hydrogène.

Sites web


Références aux programmes

Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques : outils, moyens, techniques, médiums, matériaux, notions au service d’une création à visée artistique

La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques

– Questions éthiques liées à la représentation du corps : questions des stéréotypes, des tabous

Domaines de la présentation des pratiques, des productions plastiques et de la réception du fait artistique : les relations entre l’œuvre, l’espace, l’auteur et le spectateur

La réception par un public de l’œuvre exposée, diffusée ou éditée

– Élargissement des modalités et formes de monstration, de réception de l’œuvre : diversité des relations entre œuvre et spectateur de la contemplation à l’action

– Questions de l’accroche et de la trace de l’exposition : invitation, tract, affiche, mémoire ou images de l’exposition


Photogramme du bandeau : Rythme 0, Marina ABRAMOVIC, 1974, performance.