Kit – Mode d’emploi

Concevez puis réalisez un KIT* prêt à l’emploi qui permettrait à son possesseur en suivant le mode d’emploi (notice où apparaissent les instructions à suivre) de créer une œuvre artistique prête à exposer.

#DIY #œuvre participative #kit #démarche

*KIT : ensemble des éléments constitutifs d’un objet qui sont vendus prêts à être assemblés, avec un plan de montage.

DIY

DIY (: Do it yourself) est une appellation, dont une traduction littérale en français serait « Faites-le vous-même ». Qu’est-ce qui s’apparente à la philosophie du DIY ?

  • Toute activité, où l’on n’est plus spectateur ou consommateur.
  • Participer, et échanger ses connaissances, sa culture, son information, débattre et décider, par exemple, sur une encyclopédie libre.
  • Toute activité créatrice artisanale (non industrielle).
  • Tout recyclage, consumériste, technologique ou culturel.
  • Auto-édition de livres, magazines, bandes dessinées et de remplacement.
  • Groupes ou artistes solos libérant leur musique (musique libre) ou la finançant sans les maisons de disques.
  • La culture de la cassette et de la copie privée ou plus (dans la culture punk).
  • Création artisanale comme le tricot, la couture, des bijoux faits à la main, céramiques, etc.
  • En informatique, les logiciels libres.
  • En comédie, le détournement situationniste ou tout simplement toute parodie.
  • L’auto-régulation, l’auto-organisation, la démocratie directe.

De manière très pragmatique, un mode d’emploi est un document qui explique la forme particulière de construction d’un objet ou de fonctionnement d’un service. De manière programmatique, la notice annonce le protocole auquel il va falloir se soumettre. Aussi, dès le départ nous savons à quoi nous en tenir.

Œuvre participative

L’œuvre participative désigne une forme d’art où l’interaction et la participation active du public sont essentielles à la réalisation et à l’expérience de l’œuvre elle-même. Ce type d’art transcende la notion traditionnelle de l’artiste comme unique créateur dans la mesure où le public est totalement inclus dans le processus créatif.

La réalisation peut se faire à travers des projets artistiques communautaires, des ateliers de création ou des performances collectives. L’accent reste mis sur la participation et l’inclusion, offrant ainsi une expérience artistique immersive et engageante pour le public avec l’intention de démocratiser l’expérience artistique et de questionner les rôles habituels dans le domaine de l’art.

« Un ready-made est une œuvre sans artiste pour la réaliser. »

Un ready-made, dans l’histoire de l’art, se réfère à une expérience spécifique initiée par Marcel Duchamp où un artiste s’approprie un objet manufacturé tel quel, en le privant de sa fonction utilitaire. Il lui ajoute un titre, une date, éventuellement une inscription et opère sur lui une manipulation en général sommaire (ready-made assisté : retournement, suspension, fixation au sol ou au mur, etc.), avant de le présenter dans un lieu culturel où le statut d’œuvre d’art lui est alors conféré.

Dans le domaine de l’art, le terme anglais ready-made fut utilisé pour la première fois par Marcel Duchamp, en janvier 19162. « La Boîte verte » de Marcel Duchamp dont les documents sont datés de 1913-1915 contient une note mentionnant le ready-made, lors de son premier séjour à New York, pour désigner certaines de ses œuvres, réalisées depuis 1913. Cette année-là, Duchamp fixa sur un tabouret de cuisine une roue de bicyclette, en même temps que, dans ses notes, il exprimait ses doutes envers l’exercice de l’art au sens habituel du terme (« peut-on faire des œuvres qui ne soient pas d’art ? »).

En 1914, à Paris, Duchamp avait acheté un porte-bouteilles qu’il se contenta de signer. Cet objet est généralement considéré comme le premier véritable ready-made (Roue de bicyclette étant plutôt un assemblage).

Les ready-mades soulèvent de très nombreuses questions. Par exemple, parce qu’ils n’ont pas été réalisés par l’artiste, ils rendent problématiques un certain nombre de concepts, voire de certitudes, concernant la définition de l’art et le rôle de l’artiste, et plus spécifiquement les notions d’original, de savoir-faire, de virtuosité et d’œuvre.

Source Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ready-made

Objectifs pédagogiques

La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :

  • penser le processus de création dans sa globalité,
  • structurer le projet artistique de l’idée à sa réalisation ; adapter la diversité des approches et des moyens sollicités, notamment, le rendre compréhensible par une utilisation spécifique du dessin,
  • justifier les choix qui conduisent de l’intention à la réalisation en utilisant un vocabulaire précis.

Questions

Dans quelle mesure l’artiste peut-il représenter le cheminement de sa pensée créatrice ou de son intention ? Comment peut-il documenter les étapes qui conduisent de l’imagination à la réalisation effective par un tiers, d’un projet artistique ?

De quelle manière l’art peut-il intégrer les processus d’entreprise tout en conservant son identité artistique ?

En quoi l’implication directe d’une tierce personne ou du collectionneur dans la création modifie-t-elle les statuts respectifs de l’œuvre et de l’artiste ? Quelle est la nature de cette œuvre d’art ? Qui signe une telle œuvre et comment composer avec les droits d’auteur ? Qu’est-ce qui caractérise le rôle du collectionneur impliqué dans la réalisation ?

[Réf. Les différents statuts du dessin : outil de conception, de communication ; projet de l’œuvre : de l’idée au projet et à la réalisation de la production artistique, diversité des approches et des moyens sollicités ; le partage des compétences ou des tâches]

Évaluation

L’évaluation portera sur :

  • le degré d’engagement dans le projet : recherches, croquis préparatoires, technique dans le carnet,
  • la facilité de lecture du processus de réalisation du kit (: mode d’emploi), la prise en compte du partage des tâches dans la fabrication de l’œuvre par l’utilisateur,
  • la précision du vocabulaire utilisé dans la description écrite du projet.
ComposantesCompétencesNiveaux de maîtrise
Pratique plastique et artistiqueTrouver des solutions aux problèmes qu’il rencontre, de réajuster la conduite de son travail par la prise en compte de ce qui est susceptible de transformer sa démarche.Je sais réajuster mon projet, afin d’aboutir à une meilleure cohérence de ce dernier.
Porter un projet jusqu’à son terme, de prendre la mesure de l’évolution de sa démarche, du projet initial à la réalisation finale.Je fais preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite de mon projet artistique.
Culture artistiquePrésenter la composition ou la structure matérielle d’une œuvre, identifier ses constituants plastiques en utilisant un vocabulaire descriptif précis et appropriéDans la description écrite de ma réalisation, j’identifie les constituants plastiques et utilise un vocabulaire descriptif précis et adapté.

Références artistiques possibles

  • Andy WARHOL (1928-1987), Do It Yourself – Landascape, 1962, acrylique, crayon et Letraset sur toile, 177,2×137,5 cm. Museum Ludwig, Cologne
    Le modèle choisi pour réaliser ces 5 œuvres est celui des kits pédagogiques de peinture par numéros.
  • Allan KAPROW (1927-2006), Fluids, happening, 3 jours d’octobre 1967, Pasadena et Los Angeles, photo Denis Hopper, l’artiste, avec l’aide de participants recrutés par affiches publicitaires, construit une vingtaine d’enclos aux murs ininterrompus constitués de blocs de glace, livrés aux intempéries et laissés à fondre ; cette construction éphémère permet de vivre l’art comme expérience, dans le travail et l’entraide.
  • Lawrence WEINER (1942-2021), Something to Stand on, Something to Hold, Something to Throw, 1988, proposition linguistique en 12 éléments de 3 phrases portant le n°593 du catalogue raisonné de1988. Lawrence Weiner laisse chacune de ses propositions exister de façons différentes, dans différents lieux et à différents moments. Elles ne sont pas datées, seules les réalisations le sont. Première exposition de l’œuvre du 1er décembre au 6 janvier 1989. Anthony d’Offay Gallery à Londres.
    En 1968 le travail de Lawrence Weiner connaît un tournant décisif : lors d’une exposition à la Siegelaub Gallery, il décide de ne montrer que Statements (Énoncés), un livre compilant une suite de propositions sculpturales à réaliser mentalement. Dès lors, toutes les propositions de l’artiste conceptuel se fondent sur cette déclaration d’intention, publiée en 1969 : « L’artiste peut réaliser la pièce ; la pièce peut être réalisée (par quelqu’un d’autre) ; la pièce peut ne pas être réalisée. Chaque proposition étant égale et en accord avec l’intention de l’artiste, le choix d’une des conditions de présentation relève du récepteur à l’occasion de la réception ».
Benjamin SABATIER, IKB, 2001-2002
  • Benjamin SABATIER (1977-), Peinture en kit. BRJ 2269, 2002, punaises, boite en carton et manuel de montage, Ø 76 cm.
    « Avec le peinture en kit IBK, vous aussi, offrez-vous quelques minutes de modernité dans la peau d’un artiste contemporain. »
    L’artiste insiste dans son approche sociale de l’art sur l’importance de l’implication du spectateur. « Le fait que mes travaux semblent pouvoir être reproduits facilement est une “manière de faire » Do It Yourself. Certains se présentent même sous forme de kits. Le spectateur peut ainsi dire “moi aussi je peux le faire”, et il aura raison. Inciter au “faire soi-même” est une manière de partager mes expériences, d’inviter chacun à prendre l’exacte mesure de la complexité de l’œuvre et d’acquérir une compétence. Finalement en savoir plus sur soi et sur ses capacités. Cette démarche me fait penser à ce qu’Hannah Arendt appelle : la vita activa et qui se détermine sous trois formes : travail, œuvre, action, qui sont nos seules sources d’autonomie.»
  • Eduardo KAC (1962-), Ornitorrinco, the webrobot, 1989
    En 1989 il commence à travailler sur une série d’œuvres de téléprésence intitulée Ornitorrinco (1989-1998). Avec un concepteur de matériel informatique, Ed Bennett, l’artiste crée un robot qui réagit aux signaux acheminés par divers appareils de télécommunication. Le public, disséminé dans différents lieux géographiques, est invité à transmettre des ordres au robot.
  • Rirkrit TIRAVANIJA (1961-)
    Depuis le début des années 1990, la pratique de l’artiste s’est focalisée sur plusieurs projets centrés sur le partage et la participation des visiteurs. Selon Rirkrit Tiravanija, le communautarisme au sein de notre société est primordial et c’est au travers d’un grand nombre de ses expositions qu’il tente de le transmettre à ses visiteurs. « L’important n’est pas ce qu’on voit, c’est ce qui se joue entre les êtres. »

Références aux programmes

Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques

La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques

– Les différents statuts du dessin : outil d’observation, d’interprétation, de conception, de communication, langage artistique en soi

Domaines de la formalisation des processus et des démarches de création

L’idée, la réalisation et le travail de l’œuvre

– Projet de l’œuvre : de l’idée au projet et à la réalisation de la production artistique, diversité des approches et des moyens sollicités

La création à plusieurs plutôt que seul

– Le partage des compétences ou des tâches : du projet à la réalisation, organisation, mutualisation, coopération…