« Séparé·e mais relié·e »
#polyptyque #écran #smartphone
À l’occasion de l’exposition Smartphone, (r)évolution, vous présenterez un polyptyque numérique (inspiré par, et non calqué sur les références) en vous appuyant sur la notion d’articulation plastique et vous mettrez en évidence les relations assurant la cohérence entre les différents écrans des smartphones nécessairement utilisés.
Questions
En quoi les représentations des panneaux d’un polyptyque sont-elles régi par des règles d’organisation ou de composition ? Comment prendre en compte un support multiple et interroger sa fragmentation et dans une autre mesure ses limites dans l’espace d’exposition ?
Dans quelle mesure le rapport au temps par des lectures successives ou simultanées questionne-t-il la narration ?
[Réf. Le dispositif de représentation ; la figuration et la construction de l’image]
Objectifs pédagogiques
La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :
- dessiner pour créer, comprendre, communiquer
- travailler les questions liées à l’image à des fins narratives, symboliques, poétiques, sensibles, imaginaires…
- choisir, organiser, composer la représentation à des fins expressives
- prendre en compte l’influence de la segmentation du support : le polyptyque et effectuer des choix dans l’élaboration d’un projet
- prendre en compte les conditions de la réception de sa production dès la démarche de création, en prêtant attention aux modalités de sa présentation.
Définitions
- Diptyque : tableau composé de deux panneaux pouvant ou non se rabattre.
- Triptyque : ouvrage de trois panneaux mobiles fixés les uns aux autres et superposables.
- Polyptyque : tableau formé par un ensemble de panneaux (peints ou sculptés) liés entre eux.
- Retable : partie verticale qui porte des décors peints ou sculptés en arrière de la table d’autel d’un édifice religieux.
- Écran : Étymologie. 1. a) Dernier quart du 13e siècle, escren – panneau servant à se garantir de l’ardeur d’un foyer ; b) 1538 – tout objet interposé qui dissimule ou protège ; 2. 1857 – châssis tendu de toile dont se servent les peintres pour voiler un excès de lumière ; 3. 1859, optique – tableau blanc sur lequel l’image d’un objet est projetée ; 4. 1895, emprunt au mot néerlandais scherm paravent.
Références artistiques
« La juxtaposition de deux fragments de film ressemble plus à leur produit qu’à leur somme. »
_ Sergueï EISENSTEIN (1898-1948), Hors-cadre, postface au Cinéma japonais de Nikolaï Kaufman, février 1929 ; Le principe cinématographique et la peinture japonaise, 1930, Les Cahiers de l’Art
Le retable d’Issemheim

1512 et 1516, Musée Unterlinden, Colmar
Le retable d’Issenheim, consacré à Saint Antoine, provient du couvent des Antonins à Issenheim, au sud de Colmar, où il ornait le maître-autel de l’église de la préceptorerie. Il est l’œuvre de deux grands maîtres allemands du gothique tardif : le peintre Matthias Grünewald, dont il constitue le chef-d’œuvre, pour les panneaux peints (1512-1516) et Nicolas de Haguenau pour la partie sculptée antérieure (autour de 1490).
Le retable est constitué d’un ensemble de plusieurs panneaux peints qui s’articulent autour d’une caisse centrale composée de sculptures.
Ce magnifique et monumental polyptyque se trouve aujourd’hui à Colmar, au musée Unterlinden dont il est la pièce maîtresse et qui lui doit sa renommée internationale. Il est exposé dans une ancienne église, aménagée pour le mettre particulièrement en valeur.
Le retable d’Issenheim comporte des scènes d’une intensité dramatique peu commune, et tout à fait exceptionnelle pour son époque. Le fantastique n’en est pas exclu — ce qui rapprocherait Grünewald de Jérôme BOSCH — ni un maniérisme qui font de cet artiste un génie isolé et presque inclassable.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Retable_d’Issenheim
https://www.musee-unterlinden.com/categorie_oeuvre/le-retable-dissenheim/
President Elect
James ROSENQUIST (1933-2017) mit à profit dans son œuvre son savoir-faire de peintre publicitaire (: son sens de l’échelle, de la simplification et de l’impact propre aux images de grand format), profession qu’il exerça jusqu’au début des années 1960.

Centre Pompidou, Paris
Sa méthode, le montage de fragments figuratifs trouvés parmi l’environnement imprimé le plus quotidien, est largement intuitive et ne nécessite parfois même pas de mise au point préparatoire sur la toile. Il en va ainsi dans le cas de President Elect qu’il exécuta directement à partir du collage sommaire d’un détail d’affiche pour la campagne électorale de John F. Kennedy en 1960 et de deux réclames découpées dans Life, l’une datant de 1954 (pour un gâteau instantané), l’autre de 1949 (pour la nouvelle Chevrolet de cette année-là). De façon significative, Rosenquist transposa en couleur la photo en noir et blanc de Kennedy, et rendit en grisaille le gâteau originellement en couleur, comme si l’un et l’autre avaient échangé leur valeur. Hypothèse que confirment les propos désenchantés de l’intéressé : « Que mettre sur une publicité pour quelqu’un ? Allons donc pour son visage. Et sa promesse, c’était la moitié d’une Chevrolet et un morceau de gâteau rassis. »
Source : extrait du catalogue Collection art contemporain – La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris, Centre Pompidou, 2007

Three Figures in a Room
Titre trompeur que celui de ce triptyque, qui pourrait laisser entendre qu’il renvoie à la représentation de « trois personnages » dans une pièce, donnant ainsi à la scène une dimension narrative. Les trois personnages ne font qu’un. Il s’agit de George Dyer.

huile sur toile, 198 x 441 cm, Centre Pompidou, Paris
En 1953, avec Three Studies of the Human Head, le triptyque se voit assigner une nouvelle fonction de nature analytique : une mission d’« étude ». Ainsi, il permet la décomposition d’une image perçue selon des angles différents. Dès lors, les trente triptyques peints par Francis Bacon se divisent entre ceux qui restent fidèles à une forme de narration (Tritych Inspired by T. S. Eliot , 1967 ; Triptych in Memory of George Dyer, 1971) et ceux – parmi lesquels la plupart des triptyques de petit format – qui déploient l’image diffractée d’une figure (Three Studies for Portrait of Lucian Freud, 1965 ; Triptych – Studies for the Human Body, 1970). Ces « études » peuvent être vues comme une tentative de redonner poids et consistance à des figures que leur représentation tend à réduire à leur être pictural et pelliculaire.
Source : extrait du catalogue Collection art moderne – La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris, Centre Pompidou, 2007
Sculpture
Pascal KERN mêle les possibilités offertes par la peinture, au moyen d’une pratique photographique, dans l’élaboration d’une œuvre exclusivement orientée vers la problématique du volume et de sa représentation dans l’espace.

À l’aide d’images photographiques étonnamment frontales, sans arrière-plan, marquées par une saturation extrême, il interroge le champ sculptural autour de ses éléments constitutifs essentiels de plein et de creux, de profondeur et de planéité, de masse et de couleur. Il choisit des matrices ou des moules industriels récupérés ; il les photographie à la chambre, la prise de vue s’effectuant systématiquement à l’échelle 1/1. Le tirage ne faisant ensuite l’objet d’aucune intervention de l’artiste est encadré avec le matériau dont est constitué le sujet (bois si l’objet est en bois, bronze s’il est en bronze…), le cadre perdant alors sa fonction première pour devenir élément à part entière de l’œuvre.
La présentation sous la forme de polyptyque est paradoxalement mise au service d’une réflexion sur la sculpture. Pascal Kern perçoit le moule comme sculpture potentielle, à l’état de latence. Le plein du moule suggère le vide qu’occupera l’objet moulé ; son vide suggérant, à l’inverse, le plein de cet objet en devenir.
Par la permanence du retournement de la forme, par l’omniprésence de l’empreinte, du moule, du négatif et du positif, le photographe est un sculpteur, un sculpteur du sens plus que de la matière, qui met à profit la séduction des images et les divers héritages légués par l’histoire.
Source : dossier pédagogique Collection du FRAC Auvergne | CNAP | Musée d’Art et d’Archéologie d’Aurillac, 2016
Concatenation
Après l’Académie des Beaux-Arts, Donato SANSONE a fréquenté le Centre expérimental de la Cinématographie de Turin. Il a commencé par la vidéo, avec un intérêt particulier pour la logique de l’animation appliquée à la réalité, toujours entre animation et prise de vue réelle avec une tendance à lier son travail à la vidéo d’art.
Durant ses années à l’Animation School, il teste les différents potentiels de l’ordinateur afin d’effectuer de réelles manipulations en composition. Il n’avait jamais rien fait de tel avant.
Depuis, il a réalisé différents projets comme des clips musicaux, des courts métrages, des pubs, des performances… Notamment le très court-métrage Concatenation* en 2020 où il montre une impressionnante réaction en chaîne** où chaque seconde semble mener directement à la suivante. Le montage de cette vidéo expérimentale coud à la perfection les images apparemment déconnectées comme s’il s’agissait d’un seul plan. Pour rendre le collage « réaliste », l’artiste fait un choix judicieux de la juxtaposition des images et un travail remarquable du son qui donne une texture tactile toute particulière à ce que vous regardez.
* Concaténation : enchaînement des idées, des causes et des effets, des éléments d’une suite.
** Une machine de Rube Goldberg est une machine qui réalise une tâche simple d’une manière délibérément complexe à l’aide d’une réaction en chaine. Elle tire son nom du dessinateur américain Rube Goldberg.
Autres références artistiques
- Jérôme BOSCH (1450-1516), Le Jardin des délices, env. 1500, triptyque, huile sur bois, 220 × 386 cm, Musée du Prado, Madrid – https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Jardin_des_délices
- Edouardo ARROYO (1937-2018), Antonio RECALCATI (1938-2022), Gilles AILLAUD (1928-2005), « Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp » 1965, huile sur toile, polyptyque 163 x 992 cm, toiles de 162 x 114 cm et 162 x 130 cm
- Marie-Jo LAFONTAINE (1950-), A las cinco de la tarde, 1984, installation vidéo,
http://www.marie-jo-lafontaine.com/?page=28-27-568/a-las-cinco-de-la-tarde - Nam June PAIK (1932-2006), Family of Robot, 1986, assemblage de téléviseurs
- Nam June PAIK (1932-2006), Megatron Matrix, 1995, mur de téléviseurs
- Melik OHANIAN (1969-), The Hand, 2002, 9 vidéos sur 9 moniteurs
- Melik OHANIAN (1969-), Seven minutes before, 2004, 7 vidéos,
- Adad HANNAH (1971-), Cuba Still (remake), 2005, installation vidéo de 6 canaux, https://adadhannah.com/2005-cuba-still-remake/
- Christian MARCLAY (1955-), The Clock, 2010, vidéo, https://www.centrepompidou.fr/
- Bill VIOLA (1951-2024), The Dreamers, 2013, installation vidéo
- Bruce NAUMAN (1941-), Anthro/socio, 1991-2015, installation vidéo,
https://youtu.be/AI9exH7bApg - Joe HAMILTON (1982-), Merge Nodes, 2016, vidéo,
https://vimeo.com/202151391 - Blow Up, ARTE, Le split screen au cinéma,
https://youtu.be/9NS7iRP2BjY
Gali May LUCAS (1992-) et Karoline HINZ (1988-), Absorbed by Light, 2019, installation réalisée pour le Amsterdam Light Festival.
Références aux programmes
Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques
La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques
– Le dispositif de représentation : relations et différences entre l’espace littéral du support ou celui tangible du lieu et l’espace suggéré des représentations, entre espace représenté et construit
La figuration et l’image ; la non-figuration
– La figuration et la construction de l’image : espaces et dispositifs de la narration (séquences visuelles, polyptyques, installations)