Dessin, trace d’un corps

La relation du corps à la production artistique contemporaine du dessin.

Le geste n’est plus seulement un moyen de produire le dessin, il devient le médium même à travers lequel le dessin existe. Dès lors, le dessin ne représente plus — il agit et devient la mémoire du geste, la trace d’un corps pensant.

Questions

Qu’est-ce qui reste du corps dans la trace ?

Quelle place pour le hasard et le contrôle ?

Comment cette expérience modifie votre rapport au dessin ?

Objectifs pédagogiques

Les objectifs de la séquence sont d’amener les élèves à : 

  • expérimenter le dessin comme trace d’une action corporelle
  • interroger les notions de performance, geste et empreinte
  • comprendre les enjeux contemporains du dessin élargi (drawing in expanded field)
  • développer une pratique réflexive sur le rapport entre corps, espace et support.

Références artistiques possibles

Léonard De VINCI (1452-1519), L’Homme de Vitruve, 1492, dessin à la plume et au lavis, 34 × 26 cm, Galeries de l’Académie de Venise, Italie

André MASSON (1896-1987), Dessin automatique, 1925, encre de Chine sur papier, 31,5 x 24,5 cm, Centre Pompidou, Paris

André MASSON, Dessin automatique, 1925-1926

Jackson POLLOCK (1912–1956), Number 1A, 1948, huile et peinture émaillée sur toile libre, 172,7 x 264,2 cm, MoMA, New York

Jackson POLLOCK, Number 1A, 1948

Hans HARTUNG (1904-1989), L10, 1957, lithographie sur papier, 52 x 32 cm, Tate Gallery, Londres

Hans HARTUNG, L10, 1957

Henri MICHAUX (1899-1984), Dessin mescalinien, 1958, encre de Chine sur papier, 31,4 x 24,1 cm, Centre Pompidou, Paris – mescaline : substance psychoactive traditionnellement utilisée par les Natifs américains lors de rituels

Henri MICHAUX, Dessin mescalinien, 1958

Cy TWOMBLY (1928-2011), Sans titre, 10 décembre 1959, mine graphite sur papier, 35 x 42,5 cm, Centre Pompidou, Paris – le geste devient mémoire du corps, entre écriture et abstraction

Alberto GIACOMETTI (1901-1966), Têtes d’hommes, 1959, stylo bille sur papier, 18,3 × 13,6 cm, Musée Guggenheim, Bilbao, 2018

Alberto GIACOMETTI, Têtes d’hommes, 1959

Bruce NAUMAN (1941), Walking in an Exaggerated Manner Around the Perimeter of a Square, 1967–1968, film 16 mm muet, noir et blanc, 10 min

Rebecca HORN (1944–2024), Pencil Mask, 1972, performance, Rebecca Horn Collection

Rebecca HORN, Pencil Mask, 1972

Carolee SCHNEEMANN (1939-2019), Up to and Including Her Limits, 1973-1976, installation, crayon sur papier, corde, harnais, projecteur de film 16 mm, 6 vidéos, dimensions variables, MoMA, New York

Vladimir VELIČKOVIĆ (1935-2019), Quatre états du saut fig. P/1, nov. 1977, encre de Chine, encre rouge et collage de papiers sur papier, 119,2 x 78,8 cm, Coll. particulière

Vladimir VELIČKOVIĆ, Quatre états du saut fig. P/1, nov. 1977

Sol LeWITT (1928-2007), Wall Drawing #414 (Drawing Series IV), mars 1984, lavis encre de Chine, première installation : Musée Moderna, Stockholm, dimensions variables – le dessin comme protocole où le geste humain actualise l’idée

Sol LeWITT, Wall Drawing #414 (Drawing Series IV), mars 1984

Roman OPALKA (1931-2011), 1965/1 à l’infini, détail 3666937-3669842, encre de Chine sur papier sous coffret de plexiglas, 33,9 × 24,8 × 2,6 cm, don de l’artiste en 1985, Centre Pompidou, Paris

Roman OPALKA, 1965/1 à l’infini, détail 3666937-3669842

Janine ANTONI (1964), Loving Care (Soins affectueux), 1993, performance avec la teinture capillaire Loving Care, noir naturel, dimensions variable, vue de la performance à la galerie Anthony d’Offay, Londres, 1993 – la trace corporelle devient matière poétique et politique

Janine ANTONI, Loving Care, 1993

William KENTRIDGE (1955), Felix in Exile, 1994, film couleur de 35 mm, avec son, 8 min 43 sec. Les films de Kentridge révèlent des traces de leur réalisation, tout comme les récits évoquent des souvenirs d’une époque historique. Pour chaque scène, Kentridge filme un grand dessin au fusain et au pastel (mesurant environ 76,2 x 114,3 cm), qu’il efface et redessine partiellement, enregistrant chaque feuille jusqu’à 500 fois. L’effet cumulatif de son processus de pensée est conservé, laissant des résidus de l’acte de production pour refléter les tensions entre passé et présent.

Judith BRAUN (1947), FINGERING #4, 2010, dessin au charbon avec les doigts sur un mur, 304 × 460 cm

Karina SMIGLA-BOBINSKI (1967), ADA, 2010, ballon en PVC, hélium, fusains, diamètre 3 m, vue de l’installation au Garage Museum of Contemporary Art de Moscou, Russie, 2013

Karina SMIGLA-BOBINSKI, ADA, 2010

Tony ORRICO (1979), Penwald: 8: 12 by 12 on knees, 2011, performance, graphite sur papier, env. 4 heures, 610 × 610 cm, Galerie Marso, Mexico

Tony ORRICO, Penwald: 8: 12 by 12 on knees, 2011

Heather HANSEN, Emptied Gesture, 2013, dessin-performance.
“Emptied Gestures is an experiment in kinetic drawing. In this series I am exploring ways to download my movement directly onto paper, emptying gestures from one form to another.”

Heather HANSEN, Emptied Gesture, 2013

IL LEE, BL-1402, 2014, stylo bille sur toile, 223,5 x 299,7 cm, Art Projects International, New York

IL LEE, BL-1402, 2014

William ANASTASI (1933-2023), Without Title (Subway Drawing, 2.15.14 Ernie + Sandi), 2014, encre et graphite sur papier, 19 x 28 cm, Galerie Jocelyn Wolff – dessins réalisés à l’aveugle dans le métro, où la vibration du corps est la source du trait

William ANASTASI, Subway Drawing, 2.15.14

Peter KOGLER (1959), Untitled, 2014, impression numérique sur film, Museum of contemporary art Zagreb. Depuis les années 1980, l’artiste déploie ses motifs modulaires et en forme de rhizomes sur des ensembles architecturaux à l’extérieur comme à l’intérieur, sous forme de peinture, de papiers sérigraphiés ou de projections – https://www.kogler.net/wordpress/

Ernest PIGNON-ERNEST (1942), Pasolini assassiné – Se Torno (Si je reviens) Rome, 2015, série Pasolini composée d’un croquis préparatoire, étude à la mine de plomb, d’un dessin sur papier à la mine de plomb, d’une sérigraphie et de 4 tirages photographiques contrecollés sur aluminium, 64 x 99 cm, MAMAC, Nice

Ernest PIGNON-ERNEST, Pasolini assassiné – Se Torno (Si je reviens) Rome, 2015

Emmanuel BÉRANGER (1997), Saut n°2, 2018-2023, dessins performés, fusain, dimensions variables – https://emmanuel-beranger.com/wp-content/uploads/2025/08/E.BERANGER_Portfolio_Sept2025.pdf

Emmanuel BÉRANGER, Saut n°2, 2018-2023

Anaïs LELIÈVRE (1982), Stratum (9), 2021, installation, modules en PVC forex imprimé du dessin Schiste argileux (Sion) / Rassemblement de toute la série d’installation modulaires Stratum 3, 4, 5, 6, 7, 8, avec l’ajout d’une nouvelle partie, Stratum 9 / Exposition Anaïs Lelièvre, expérience d’espaces, Chapelle de la Visitation – espace d’art contemporain, Thonon-les-Bains. La Chapelle de la Visitation réunit pour la première fois toutes les installations modulaires Stratum. Cette série dérive d’une pierre de schiste, trouvée de l’autre côté du Lac Léman lors de marches dans le Valais en 2018.

Anaïs LELIÈVRE, Stratum (9), 2021

Quand la machine dessine…

Akira KANAYAMA (1924-2006), Remote-Controlled Painting Machine, 1957, machine robotique télécommandée imitant la pratique de J. Pollock

Akira KANAYAMA, Remote-Controlled Painting Machine, 1957

Jean TINGUELY (1925-1991), Méta-matic n°1, 1959, métal, papier et crayons feutres, moteur, 96 x 85 x 44 cm, MNAM, Paris

Jean TINGUELY, Méta-matic n°1, 1959

Jean TINGUELY (1925-1991), Le Cyclograveur, 1960, ferraille soudée, éléments de vélo (quatre roues, selle), courroies,  tôle, tambour et cymbale, livre à l’avant, petite voiture d’enfant rouillée attachée à l’arrière, 225 x 410 x 110 cm, Kunsthaus, Zürich

Jean TINGUELY, Le Cyclograveur, 1960

Manfred MOHR (1938), Computer Graphics, Une Esthétique Programmée, ARC – Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 1971

Portrait de Manfred MOHR à l’ARC – Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris le 11 mai 1971

Vera MOLNÁR (1924-2023), 1% de désordre (1% of disorder), 1976, dessin réalisé à la table traçante (plotter) sur papier Benson, 36 x 55 cm

Vera MOLNÁR, 1% de désordre (1% of disorder), 1976

Harold COHEN (1928-2016), Untitled, 1984, dessin du logiciel AARON (programme informatique conçu pour produire des peintures et des dessins de manière autonome), impressions au traceur

Dessin d’AARON, 1984

Tim LEWIS (1961), Auto-Dali Prosthetic (Prothèse auto-Dali), 2000, table, métal, papier, 132 x 93 x 52 cm,  Flowers Gallery, Londres

Tim LEWIS, Auto-Dali Prosthetic, 2000

Ólafur ELIASSON (1967), The Endless Study, 2005, bois, métal, miroir, papier, stylo a bille, tampon, 235 x 130 x 130 cm

Joseph L. GRIFFITHS (1984), Drawing Machine 1, 2009, markers, équipement sportive, roues de bicycle, acier, aluminium, corde, caoutchouc, bois, plastique, ciment, matériaux trouvés – https://josephlgriffiths.com/drawingmachine1.html

Patrick TRESSET (1967), Human Study #1, 5RNP, 2011-2024, installation, bureau d’école, pièces robotiques, caméra et ordinateur avec logiciel personnalisé, lampe et chaise

Patrick TRESSET, Human Study #1, 5RNP, 2004

So KANNO (1984) & Takahiro YAMAGUCHI (1984), Senseless Drawing Bot, 2011, skateboard RC, structure métallique, double balancier, carte électronique programmable et bombes aérosols, 146 × 60 × 120 cm

So KANNO & Takahiro YAMAGUCHI, Senseless Drawing Bot, 2011

Sougwen CHUNG (1985), Drawing Operations, 2015, série de dessins réalisés par D.O.U.G. (Drawing Operations Unit : Generation), bras robotique, caméra, ordinateur – l’artiste dessine avec un robot qui imite ou prolonge ses mouvements

Sougwen CHUNG, Drawing Operations, 2015

Leonel MOURA (1948), Robot art, 2017, essaim de robots, peinture, dimensions variables

Jean-Noël LAFARGUE (1968), <=280, 2023, codés en Processing, ces dessins numériques ont été créés avec des programmes qui tiennent tous dans la limite de 280 caractères d’un tweet, et ont tous été tweetés ces dernières années par Jean-Noël Lafargue