Série noire

« Série noire »… Cette expression peut être comprise de différentes manières. 

#série #suite #monochrome #noir #malédiction

Vous mettrez en évidence dans votre réalisation et par des moyens plastiques adéquats, la lecture que vous en faites en évitant cependant d’en rester au niveau de l’anecdote en adoptant une approche sérielle de votre travail et suivant un processus ou des paramètres systématiques, qui l’emportent sur la réalisation.

Un soin tout particulier sera ensuite porté à la mise en espace (accrochage, installation) de votre série.

Motif : Thème plastique d’une œuvre ou d’une structure graphique ornementale répétitive.
Multiple : Se dit d’une œuvre produite en série comme une sérigraphie, une gravure, une lithographie, une photographie, un
moulage ou un bronze.
Répétition : Réitération d’une même action, d’un motif, d’une image, etc.
Reproduction : Copie à l’identique ou ressemblante d’un original (peinture, image, sculpture, etc.) en un ou plusieurs exemplaires par un procédé technique particulier comme la photographie, la photocopie, la sérigraphie, le moulage, le copier-coller en informatique, etc.
Série : Ensemble ou suite d’éléments de même nature ou possédant des points communs (portraits, images, objets, etc.).
Séquence : Série d’éléments hiérarchisés et ordonnés chronologiquement.
Suite : Ensemble d’éléments ordonnés, parfois de manière chronologique, en relation cohérente et logique.
Variation : Procédé qui consiste à utiliser un même motif en le transformant de diverses manières, de façon qu’il demeure
toutefois identifiable.


Vue de l’Exposition 0,10 à la galerie d’art Dobychina, Saint-Pétersbourg, 1915-1916

Objectifs

La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :

  • adopter une approche sérielle de leur travail et suivre un processus ou des paramètres systématiques qui l’emportent sur la réalisation de l’œuvre
  • exploiter dans sa réalisation plastique le dialogue entre la matérialité et la qualité de la couleur
  • tirer parti des qualités physiques des matériaux en faisant de la matérialité un enjeu dans la perception comme dans l’interprétation de la production
  • s’immerger dans un processus créatif, faire des choix, tâtonner, décider, revenir en arrière…

Questions

Est-ce qu’il faut que l’œuvre soit unique pour être œuvre d’art ? En quoi la série amène-t-elle à une relecture du motif ou du sujet ? Quelles sont les relations entre production et reproduction dans l’acte artistique ? En quoi le moyen technique utilisé peut-il donner un statut particulier à l’œuvre ?

En quoi la couleur et sa matérialité confèrent-elles une valeur expressive à l’œuvre ? Dans quelle mesure la sensation colorée, les qualités physiques de la matière noire et les effets induits influent-ils sur la perception du spectateur ?

[Réf. La figuration et la construction de l’image ; conditions et modalités de la présentation du travail artistique ; production unique ou multiple]


Références artistiques possibles

  • Claude MONET (1840-1926), Série de la Cathédrale de Rouen, 1892-1894, série de 30 tableaux (principalement des vues du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame de Rouen) – https://fr.wikipedia.org/wiki/Série_des_Cathédrales_de_Rouen
  • Paul CÉZANNE (1839-1906), La Montagne Sainte-Victoire vue de Bellevue, 1885, huiles sur toile, 73 × 92 cm, Fondation Barnes, Philadelphie
  • Paul CÉZANNE (1839-1906), Plaine devant la montagne Sainte-Victoire, 1885, huile sur toile, 58 × 72 cm, Musée Pouchkine, Moscou
  • Paul CÉZANNE (1839-1906), La Montagne Sainte-Victoire, vers 1890, huile sur toile, 65,0 x 95,2 cm, Musée d’Orsay – https://fr.wikipedia.org/wiki/Montagne_Sainte-Victoire_(Cézanne)
  • L’Exposition 0,10 organisée par Kasimir MALEVITCH, Jean POUGNY, Ivan KLIOUNE, en tout quatorze artistes, à la Galerie Dobychina à Saint-Pétersbourg du 19 décembre 1915 au 17 janvier 1916 – https://fr.wikipedia.org/wiki/Exposition_0,10
  • Kasimir MALEVITCH (1879-1935), Carré noir sur fond blanc, peinture, 1915, huile sur toile, 79,5 x 79,5 cm – https://fr.wikipedia.org/wiki/Carré_noir_sur_fond_blanc
  • Walker EVANS (1903-1975), The Passagers, New York, 1938-1941, photographies en noir et blanc, appareil photo au cou et déclencheur dans la manche, Walker Evans saisit des portraits d’anonymes dans la rue ou le métro, à leur insu.
  • Andy WARHOL (1928-1987), Campbell’s Soup Cans, 1962, encre sérigraphie et acrylique sur toile, série de 32 toiles de 50,8×40,6 cm chacune, 510 x 410 × 414,02 cm le tout, MoMA, NY
  • Andy WARHOL (1928-1987), Ten Lizes, 1963, encre sérigraphique et peinture à la bombe sur toile, 201 x 564,5 cm, Centre Pompidou, Paris. Le visage de l’actrice Elizabeth Taylor est répété jusqu’à saturation sur une toile semblable à un écran de cinéma. Grâce à la technique de la sérigraphie, Warhol fait de l’icône hollywoodienne autant un portrait d’une indéniable fragilité qu’une allégorie d’un monde dominé par la prolifération des images.
  • Andy WARHOL, Silver Car Crash (Double Disaster) – Série Death and Disaster, 1963, sérigraphie, acrylique sur toile, 243 × 400 cm
  • Roman OPALKA (1931-2011), 1965/1 à l’infini, détail 5341636, épreuve gélatino-argentique, 24 x 30,50 cm
  • Louise NEVELSON (1899-1988), Shadow and Reflection I, 1966, relief en bois constitué de boîtes peintes en noir, 273,5 x 430 x 65 cm, Musée de Grenoble
  • Mark ROTHKO (1903-1970), Untitled (Black on Gray), 1969-1970, acrylique sur toile, 203,3 x 175,5 cm, Solomon R. Guggenheim Museum, NY
  • Sol LeWITT (1928-2007), Incomplete Open Cubes, 1974-1982, 122 structures en bois peint et crayon sur socle en bois peint, 5 × 5 × 5 cm chacune, socle : 73,7 × 177,8 × 165,1 cm, Coll. The MET, NY
  • Christian BOLTANSKI (1944-2021), 10 portraits photographiques de Christian Boltanski, 1946-1964, 1972, photographies, 21 x 13,5 cm chacune, Centre Pompidou, Paris.
  • Pierre SOULAGES (1919-2022), Peinture 202×453 cm, 29 juin 1979, huile sur toile, diptyque (2 éléments de 202 x 126 cm et 202 x 327 cm), Centre Pompidou, Paris
  • Allan McCOLLUM (1944-), photographie de l’installation de l’exposition « Allegories of Modernism: Contemporary Drawing » au MoMA, NY, 1992 (détail en bandeau)
Allan McCOLLUM, Collection of Forty Plaster Surrogates, 1982
  • Hilla (1934-2015) et Bernd BECHER (1931-2007), Gasbehälter (Gas Tanks), 1963-1992, photographies en noir et blanc, réservoirs de gaz (principalement 4 formes) photographiés au cours des années 1963-1992 en Grande-Bretagne, en France, en Belgique, en Allemagne et aux États-Unis.
  • Richard Paul LOHSE (1902-1988), Sechs horizontale Bänder mit je sechs formal gleichen Farbgruppen (Six bandes horizontales comportant chacune six groupes de couleurs formellement égaux), 1950-1969, huile sur toile, 126×126 cm, troisième peinture d’une série de quatre, peintes sous le même titre entre 1951 et 1971, et chacune déclinant « une autre constellation de couleurs », Centre Pompidou, Paris.
  • Anish KAPOOR (1954-), Descent Into Limbo (Descente dans les Limbes), installation, 1992, béton et pigment, 600 × 600 × 600 cm, Documenta IX Kassel.
  • Gilles TOUYARD (1956-), Série enflures, 1 portant de 4 vêtements, 1993, caoutchouc synthétique, 217 x 97 x 80 cm, Centre Pompidou, Paris
  • Gabriele DI MATTEO (1957-), Le peintre salue la mer, 2005, installation d’un ensemble de 176 peintures de mimosa et de 140 peintures de vagues (50 × 70 cm ; 70 × 50 cm), Coll. MAMCO, Genève.
  • Anselm KIEFER (1945-), Family Pictures, 2013-2017, métal, verre, plomb, bois contreplaqué, acrylique, émulsion, photographie, aquarelle sur papier, matériaux divers, avec de vieilles photos plantées dans des décors de forêts enneigées, Anselm Kiefer fabrique une série de tableaux en noir et blanc.
  • Kader ATTIA (1970-), Ghost, 2009, installation d’un ensemble de 102 sculptures (chaque élément : 100 x 50 x 70 cm) réalisées par superposition de nombreuses couches de feuilles compressées d’aluminium. Chaque pièce est moulée sur le corps d’une femme agenouillée en position de prière. Ces sculptures, alignées et disposées au sol, toutes dans la même direction, sont visibles de face et de dos. Centre Pompidou, Paris.
  • Zhu HONG (1975-), La photographie dans l’art contemporain, crayon sur papier noir, dimensions variables, (199 pièces), 2009. Cette œuvre en dessin est construite d’après le livre de Charlotte Cotton intitulé La photographie dans l’art contemporain (Thames & Hudson, 2004). Reproduire les images de ce livre, c’est une façon de « rendre hommage » à la matière photographique, une façon d’affirmer que l’ensemble de mon travail se fait « d’après photo ».
  • Mike NELSON (1967-), A7 (Route du Soleil), 2015, acier, béton, pneu. Installation de Mike Nelson à la Biennale de Lyon 2015. L’artiste a collecté toutes sortes de pneus usagés sur l’Autoroute A7 et les a mis en scène dans une scénographie à leur gloire, mais conforme à ce qu’ils représentent : un objet quotidien peu esthétique, noir, salissant, à l’odeur désagréable. 
Vue de l’exposition L’enveloppe d’un instant, 2013, Les Eyzies-de-Tayac
Zhu HONG, La photographie dans l’art contemporain, 2009, crayon sur papier noir, dimensions variables, (199 pièces)
Mike NELSON, A7 (Route du Soleil), 2015, installation Biennale de Lyon

Références aux programmes

Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques

La figuration et l’image ; la non-figuration

– La figuration et la construction de l’image : les espaces que détermine l’image et qui déterminent l’image

Domaines de la présentation des pratiques, des productions plastiques et de la réception du fait artistique

La présentation et la réception de l’œuvre

– Conditions et modalités de la présentation du travail artistique : éléments constitutifs, facteurs ou apports externes (cadre, socle, cimaise et dispositifs contemporains)

Questionnement artistique transversal

– La production unique ou multiple : conforter la rareté ou étendre la reproductibilité, avoir valoriser une reproduction, favoriser de nouvelles diffusions matérielles ou immatérielles ?