Proposez une production plastique mystérieuse, dont le secret est dissimulé ou révélé par le dispositif de monstration.
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Dispositif : ensemble des composantes de toutes natures (temporelle, spatiale, instrumentale, etc.) choisies dans un dessein particulier. La notion de dispositif est ici évoquée pour penser les structures visibles et invisibles, les machines à faire voir.
Secret : information connue que par un groupe réduit de personnes, qui est tenue d’être cachée, qu’il ne faut dire à personne.
Termes connexes : mystérieux, confidentiel, clandestin, occulte, caché, inexplicable, insondable, ténébreux, souterrain, voilé, hermétique, obscur, dérobé, dissimulé, impénétrable, insaisissable, intime, intérieur, fuyant, renfermé, discret, réservé…
Citations
« Il n’est point de secrets que le temps ne révèle. »
_ Jean RACINE (1639-1699)
« Un secret n’existe que s’il est connu de quelqu’un. »
_ Louis SCUTENAIRE (1905-1987)
Objectifs pédagogiques
La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :
- comprendre que la réception d’une œuvre peut être conditionnée par son mode de présentation
- s’interroger sur le dispositif de présentation et sur sa capacité à affecter le spectateur
- penser la place du spectateur au sein du dispositif plastique, construire le regard de ce dernier, lui faire ressentir une expérience esthétique.
Questions
En quoi le dispositif de présentation a-t-il une incidence sur le spectateur ? Dans quelle mesure les modalités d’exposition et le contexte de monstration changent-ils la perception de l’œuvre ?
En quoi le désir d’expression, quel que soit le médium, induit-il une organisation, une syntaxe, des codes ?
Références artistiques possibles
- Jan van EYCK (1390-1441), Les Époux Arnolfini, 1434, huile sur panneau de chêne, 82,2 × 60 cm, National Gallery, Londres
- Hans HOLBEIN (1497-1543), Les Ambassadeurs, 1533, huile sur panneau, 207 × 209 cm, National Gallery, Londres
- Joos de MOMPER (1564–1635), Allégorie de l’hiver, 1610, huile sur toile, 52,5 × 39,6 cm
- Diego VÉLASQUEZ (1599-1660), Les Ménines (Las Meninas), 1656-1657, huile sur toile, 320 × 276 cm, Musée du Prado, Madrid
- Giovanni STRAZZA (1818-1875), Vierge Voilée, 1850, buste de marbre, 48 cm de haut
- Marcel DUCHAMP (1887-1968), À bruit secret (With Hidden Noise), 1916-1964, ficelle, laiton, vis, 12,7 x 15,2 x 15 cm, Centre Pompidou, Paris
- Man RAY (1890-1976), L’Énigme d’Isidore Ducasse, 1920, parapluie, machine à coudre, objets, laine et ficelle, 45,4 x 55,9 x 20,3 cm
- Salvador DALÍ (1904-1989), Marché d’esclaves (avec apparition du buste invisible de Voltaire), 1940, huile sur toile, 46,2 x 65,2 cm
- Marcel DUCHAMP (1887-1968), Étant donnés : 1° la chute d’eau 2° le gaz d’éclairage…, 1946-1966, installation, technique mixte, 153 × 111 × 300 cm, Philadelphia Museum of Art


- L’Origine du monde (1886) de Gustave COURBET – Terre érotique (1955) d’André MASSON. Le célèbre psychanaliste Jacques LACAN acheta l’Origine du monde au baron de Hatvany en 1954. Lui et sa femme, Sylvia, gardèrent le tableau jusqu’à leur mort, et leur fille en fit dation à l’état en 1995, en paiement de ses droits de succession. André Masson, beau-frère de Sylvia Lacan, se vit confier la tâche de peindre un masque pour habiller ce tableau « que les enfants et les voisins pourraient ne pas comprendre ! » ; il peignit donc un panneau en bois qui coulissait habilement dans le montant latéral du cadre, qui représentait de manière abstraite le tableau qu’il cachait, en reprenant à peu près le même cadrage que l’original.
- Yves KLEIN (1928-1962), Sculpture tactile, 1957. « Les sculptures tactiles – Elles ne furent pas exposées, je ne sais plus trop pourquoi d’autant plus que j’en avais beaucoup parlé. C’étaient des boîtes percées de deux trous munis de manchons. L’idée était de pouvoir passer les mains jusqu’aux coudes par ces manchons et toucher, palper la sculpture à l’intérieur de la boîte sans pouvoir la voir. Je crois maintenant que, si je n’ai pas exposé ces boîtes c’est que j’avais très vite atteint une telle extrémité de perfectionnement de ces sculptures tactiles que j’ai cru bon d’attendre un peu. Cette extrémité était tout simplement le fait de placer dans les boîtes des sculptures vivantes, telles que de beaux modèles nus, aux formes très rondes évidemment. C’était un peu prématuré à l’époque, j’aurais eu la police sur le dos tout de suite ; aujourd’hui, par contre, ce n’est pas dit que je ne présente pas ces sculptures tactiles hypersensibles au public très prochainement. » _ Yves Klein, extrait de « Remarques sur quelques œuvres exposées chez Colette Allendy », Le Dépassement de la problématique de l’art et autres écrits, Beaux-Arts de Paris, 2003
- CHRISTO (1935-2020) et JEANNE-CLAUDE (1935-2009), Package on a Table (Empaquetage sur une table), 1961, guéridon, objets divers, bois, velours, toile, ficelle, peinture, enduit, 134,5 × 43,5 × 44,5 cm
- Piero MANZONI (1933 -1963), Pacco, 1961, 45 × 45 cm, paquet scellé, huile, plomb, papier journal, ficelle et cire sur toile de jute
- CHRISTO (1935-2020), Portrait de Jeanne-Claude empaqueté, 1963, polyéthylène, cordeau, huile sur toile signée Javacheff, montés sur panneau de bois peint 78,5 × 51,1 × 5,1 cm Collection Museum of Contemporary Art San Dieg

- Alain JACQUET (1939-2008), Bulldozer, 1967, sérigraphie sur plexiglas, Collection MAC/VAL – musée d’art contemporain du Val-de-Marne
- Sol LeWITT(1928-2007), Burried Cube Containing an Object of Importance but Little Value, 1968, cube enterré dans un jardin
- Gérard TITUS-CARMEL (1942), La Grande Bananeraie culturelle, 1969, accrochage de cinquante-neuf bananes en plastique et une vraie, installation à l’ARC, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

- Ben VAUTIER (1935-2024), Me cacher sous un drap au milieu d’une place publique, Nice, 1971, performance
- Gilberto ZORIO (1944), Pugno fosforescente (Poing phosphorescent), 1971, cire phosphorescente, 2 lampes sur pied, minuterie, 170 x 180 x 50 cm, Centre Pompidou, Paris. Poing en cire phosphorescente suspendu. Deux spots allumés permettent au phosphore de se charger. Toutes les huit minutes, les spots s’éteignent pendant 12 secondes alors que le poing s’éclaire de sa propre lumière.

- Daniel SPOERRI (1930-2024), Le Déjeuner sous l’herbe, 1983, véritable déjeuner déposé tel quel au fond d’une tranchée recouverte aussitôt, au Montcel, à Jouy-en-Josas, Le déjeuner sous l’herbe, 1983 – Le déjeuner sous l’herbe
- Daniel BUREN (1938), Diagonale pour un lieu, 1986, installation in situ, Le Magasin, Centre National d’Art Contemporain, Grenoble

- Pierrick SORIN (1960), La belle peinture est derrière nous, 1989, installation vidéo, 150 x 150 x 200 cm

- Jochen GERZ (1940), 2146 Steine Mahnmal gegen Rassismus (2146 pavés, monument contre le racisme), 1990, monument invisible, place du Château de Sarrebruck
- GENERAL IDEA, AIDS, 1988-1990, installation consistant en trois tableaux AIDS, 1988, acrylique sur toile, 243,7 x 243,7 cm chacun, accrochés sur papier peint AIDS, 1990, sérigraphie sur papier peint ; roulé : 68,6 x 4,6 cm (diam.), déroulé : 457 x 68,6 cm, dimensions d’ensemble variables, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto.
Vue de l’exposition General Idea’s Fin de siècle, Württembergischer Kunstverein, Stuttgart, Allemagne, 1992

- Markus RAETZ (1941-2020), Métamorphose II, 1992, fonte : 39,5 x 33,4 x 33, 5 cm, tuyau en carton sur socle, trépied en bois, miroir : 77 x 44 cm

- Désirée PALMEN (1963), Park Bench / Couple, 2001, photographie
- Gregor SCHNEIDER (1969), Der Wunschsohn (Le Fils désiré), 2004, silicone, vêtements, sac poubelle, 180 × 80 × 18 cm
- Felice VARINI (1952), Trois cercles désaxés, MAC VAL, 2005, peinture acrylique, dimensions variables

- Niklas ROY, My little piece of privacy, 2010, installation interactive : https://www.niklasroy.com/project/88/my-little-piece-of-privacy
- Philippe RAMETTE (1961), Sans titre (Le Voyeur), 2011, sculpture en résine polyester, résine acrylique, cheveux, peinture et tissus
- Phil MACQUET (1967), UFO, Miami et Mafia, 2013, 170 × 130 cm. UFO, Miami et Mafia sont des peintures augmentées (tirages sur bâche Ferrari en sept exemplaires). À l’aide de la palette graphique de son ordinateur, l’artiste conçoit des pochoirs numériques à partir de photos avant de travailler la composition, les couleurs. Aucun traitement automatique ni aucun filtre ne sont utilisés. Seul un jeu de transparences met en évidence certains détails. Puis, dans un second temps, la peinture numérique est complétée par une application pour smartphone qui permet de rendre « actifs » certaines formes préalablement déterminées.
- Liu BOLIN (1973), The Liberty Leading the People, 2013, photographie

- Cecilia PAREDES (1950), Forest, 2019, photographie

Niveaux de maîtrise
Compétences | Maîtrises | |
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Pratique plastique et artistique | Choisir ses propres moyens d’expression en fonction d’un projet, expérimenter des langages plastiques et des techniques au service de ses intentions | Je recours aux dessins préparatoires et à l’expérimentation pour enrichir mon projet. |
Envisager et mettre en œuvre une présentation de sa production plastique | Je considère avec soin les conditions de réception de ma réalisation, en adaptant sa présentation, afin de renforcer son impact artistique. | |
Culture artistique | Interpréter d’une manière sensible et réflexive à partir d’une analyse préalable | J’explique ma production en prenant appui sur une analyse raisonnée et précise. |
Références aux programmes
Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques
La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques
– Les différents statuts du dessin : outil d’observation, d’interprétation, de conception, de communication, langage artistique en soi
Domaines de la présentation des pratiques, des productions plastiques et de la réception du fait artistique
La présentation et la réception de l’œuvre
– La présence matérielle de l’œuvre dans l’espace de présentation : dispositifs, disposition, échelle, intégration, in situ
Domaines de la formalisation des processus et des démarches de création
L’idée, la réalisation et le travail de l’œuvre
– Projet de l’œuvre : de l’idée au projet et à la réalisation de la production artistique, diversité des approches et des moyens sollicités
Champ des questionnements artistiques interdisciplinaires
– Mise en espace, mise en scène de l’œuvre : usages de l’architecture d’un lieu, absence de séparation entre public et œuvre, exploitation du cube scénique, implication ou non du spectateur