Pièce unique

Le concept original de Pièce unique est d’exposer à chaque fois une seule œuvre, créée spécialement pour l’espace unique par un artiste contemporain.


Pour un projet de socle et d’exposition d’une sculpture

Créez des esquisses (proportions, formes, reliefs, ombres, etc.) de la sculpture « Jeune fille accroupie » (1964-1966) de Marguerite Marie PELTZER (1897, Gladenbach – 1991, Thonon-les-Bains), ou des plâtres mis à votre disposition, puis un dessin préparatoire de son installation. L’objectif est de mettre en évidence la sculpture en tant que telle, d’accentuer son expression propre et de privilégier sa perception unique. Vous interrogerez peut-être la question du socle, de sa remise en cause, de la fidélité aux matériaux et de la gravité.


Le socle

Socle : base d’une statue* ou d’une sculpture** qui sert à la stabilité et à la présentation de l’ensemble. À l’origine, le socle isole les statues de leur environnement, il les distingue en les élevant et en permettant une distanciation et une sacralisation de celle-ci.
« Il induit la verticalité car il constitue le lien entre l’objet et le sol, et par la même, vient en écho à la position des visiteurs ». Petit glossaire de l’exposition d’André Desvallées.
C’est traditionnellement et dans la muséologie un outil d’exposition qui est un des moyens mis en œuvre pour donner du sens à l’objet présenté.

Piédestal : support assez élevé qui forme le socle d’une statue, d’une colonne, d’un élément décoratif ; syn. : socle, podium.

Colonne : support architectural vertical ordinairement cylindrique ; syn. : support, montant, pied cylindrique.

*Statue : sculpture figurative en ronde-bosse, représentant généralement un être vivant, de moyenne ou de grande taille.

**Sculpture : art ou technique consistant à tailler, modeler ou assembler des matériaux (pierre, bois, métal, argile, etc.) pour créer une forme en volume ; œuvre exécutée en sculptant.

Objectifs pédagogiques

La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :

  • traduire graphiquement et visuellement leurs idées par des croquis
  • comprendre et s’interroger sur l’usage du socle ou sa suppression en sculpture
  • raisonner pertinemment un projet d’exposition ; exposer ou affirmer un parti-pris, une proposition singulière.

Questionnements

Quelle relation le dispositif de présentation qu’est le socle crée-t-il avec la sculpture ? Comment interroger sa place et son rôle dans la création artistique plastique aujourd’hui ?

Dans quelle limite le socle peut-il apporter de l’importance à la sculpture ?

En quoi le travail de la présentation de l’œuvre peut-il influer sur sa perception? Comment l’artiste prend-il en compte le regard du spectateur ?

[Fonctions des dispositifs traditionnels de la présentation de l’œuvre ; accentuation de la perception sensible de l’œuvre]

Références artistiques possibles

  • Auguste RODIN (1840-1917), Les Bourgeois de Calais, 1884-1889, groupe statuaire en bronze commandé par la ville de Calais inauguré en 1895, structure cubique mesurant H : 217 cm, L : 255 cm, P : 197 cm
  • Marcel DUCHAMP (1887-1968), Roue de bicyclette, 1913-1964, ready-made, métal, bois peint, 126,5 x 31,5 x 63,5 cm, Centre Pompidou, Paris – https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/gCIMyPS
Marcel Duchamp, Roue de bicyclette, 1913, 6e version, 1964. Fourche et roue de bicyclette montées sur un tabouret de bois peint, 126 × 64 × 31.5 cm Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
  • Constantin BRÂNCUŞI (1876-1957), Colonne sans fin, 1937, bronze, 29,33 m de haut la colonne se compose de 17 modules de fonte en forme de losange, Parcul Coloana Infinitului, Târgu Jiu (Roumanie). Le motif de la Colonne sans fin (construite par répétition de figures symétriques, de géométrie simple) a préoccupé Brâncuși pendant près de quarante ans, de 1917 à la veille de sa mort en 1957. 
  • Alberto GIACOMETTI (1901-1966), Petit buste sur double socle, 1940-1941, bronze, Fondation Giacometti, Paris
Constantin BRÂNCUŞI, « Colonne sans fin », (vers 1930 – 1931), sculpture, plâtre, 603 x 61 x 61 cm. L’Atelier Brancusi est riche de 137 sculptures et 87 socles originaux, 41 dessins, deux peintures. Il conserve en outre plus de 1600 plaques photographiques de verre et tirages originaux.
  • Robert RAUSCHENBERG (1926-2005), Monogram, 1955-1959, bois, papiers, objets, métal, animal naturalisé, pneu, 106.7 x 135.2 x 163.8 cm, Musée d’art moderne de Stockholm
  • Carl ANDRE (1935-2024), Last Ladder, 1959, sculpture en bois (combinaison de modules de bois brut aux formes géométriques simples), 214 x 15,6 x 15, 6 cm, Tate Gallery, Londres. Ce sont les premières sculptures minimalistes de Carl ANDRE. Les éléments qui constituent une œuvre sont conçus dans un même matériau, qui interroge ainsi la fidélité au matériau, la question de sa masse et de son poids.
  • Piero MANZONI (1966-1963), Basa magica, scultura vivente (Base magique, sculpture vivante), 1961, Fondazione Piero Manzoni, Milano
  • Piero MANZONI (1966-1963), Le socle du monde, 1961, fer, 100cm x 100cm x 82 cm, Herning Kunstmuseum, Danemark
  • Yves KLEIN (1925-1962), L’arbre grande éponge bleue, 1962, pigment pur et résine synthétique sur éponge naturelle, socle en plâtre, 150 x 90 x 42 cm
  • Richard SERRA (1938-2024), Splashing, 1968, plomb (fondu), vue de l’installation, Castelli Warehouse, NY
Carl ANDRE, Steel-Lead Alloy Square, 1969
  • Carl ANDRE (1935-2024), Steel-Lead Alloy Square, 1969, acier et plomb, 100 unités carrées (10×10) de 20 x 20 x 0,8 cm pour un ensemble de 200 x 200 x 0,8 cm. C’est en 1967, qu’il réalise, pour la première fois dans l’histoire de l’art, une sculpture plane composée de plaques de métal, carrées, juxtaposées, posées sur le sol. Carl Andre propose une expérience de l’œuvre, une expérience sensible et physique, de ses éléments, de son matériau, de son espace, du déplacement du visiteur pour éprouver le lieu : « la sculpture comme lieu ». La sculpture change de statut.
  • GILBERT (1943) & GEORGE (1942), Singing sculpture, 1969-1970, performance, les artistes debout sur une table et couverts de peinture métallique dorée, mimaient la chanson de Flanagan And Allen Underneath the Arches, ceci parfois pendant des heures.
  • Duane HANSON (1925-1996), Tourists, 1970, techniques mixtes, résine polyester et fibre de verre, peinte à l’huile, 152x 80,50 x 31 cm (l’homme) et 160 x 44 x 37 cm (la femme)
  • Giuseppe PENONE (1947), L’arbre dans sa 22ème année, 1970, bois. Au début des années 1970, Giuseppe Penone dégage de la moitié d’un bloc de bois équarri la forme exacte du tronc et des branches de l’arbre originel à un moment donné de sa croissance. 
Giuseppe PENONE, Albero di 7 metri (Arbre de 7mètres), 1999, Centre Pompidou – Giuseppe Penone cherche à rendre visible les énergies, les transformations et la mémoire de la nature.
George SEGAL, Walk, Don’t Walk, 1976
Bertrand LAVIER, Brandt/ Haffner, 1984
  • George SEGAL (1924-2000), Walk, Don’t Walk, 1976, plâtre, ciment, métal, bois peint et lumière électrique, 277,2 × 182,9 × 188,9 cm, Whitney Museum of American Art, New York
  • Bertrand LAVIER (1949), Brandt/ Haffner, 1984, réfrigérateur sur un coffre-fort, 251 x 70 x 65 cm, Centre Pompidou, Mnam, Paris
  • Daniel BUREN (1938), Les Deux Plateaux, 1985, sculpture in situ,  Cour d’Honneur du Palais Royal, Paris
  • Richard LONG (1945), White Rock Line, 1990, installation en extérieur d’une ligne de 18 tonnes de calcaire blanc de 40 mètres de long sur 1,50 mètre de large. Les moellons de calcaire sont disposés au sol de manière à constituer un chemin le long duquel le visiteur est invité à déambuler. Cette oeuvre est une commande effectuée à l’artiste en 1990 pour la réouverture du CAPC (Bordeaux) après sa dernière campagne de rénovation.
Claes OLDENBURG et Coosje Van BRUGGEN, La Bicyclette ensevelie, 1990
  • Claes OLDENBURG (1929-2022) et Coosje Van BRUGGEN (1942-2009), La Bicyclette ensevelie, 1990, sculpture, installation comportant quatre parties distinctes, Parc de la Villette, Paris, France – https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Bicyclette_ensevelie
  • Didier VERMEIREN (1951), Adam, 1995, plâtre, 146 x 136 x 113 cm, Tate Modern, Londres
DIDIER VERMEIREN, Adam, 1995
Louise BOURGEOIS, Maman, 1999-2001
  • Louise BOURGEOIS (1911-2010), Maman, 1999-2001, bronze, marbre et acier inoxydable, 927 × 891 × 1023 cm, Musée Guggenheim, Bilbao
  • Louise BOURGEOIS (1911-2010), Untitled, 2002, sculpture, tissu et acier inoxydable, 180,3 x 25,4 x 30,4 cm,
  • Stephan BALKENHOL (1957), Figurensäule Mann mit roten Hosenträgen (Colonne – Homme avec bretelles rouges), 2010, bois peint, 172,5 × 28,5 × 26,5 cm
Stephan BALKENHOL dans son atelier à Kassel (Allemagne)
  • Tomoaki SUZUKI (1972), sculptures, réalisées entre 1999 et 2014, en bronze peint d’un peu plus de 50 cm de haut, exposition « Tomoaki Suzuki » au CAPC, Musée d’art contemporain, 03 avril – 01 juin 2014 :
Vue de l’exposition au CAPC, Musée d’art contemporain, avril 2014 – Photo : Arthur Péquin
Nia, 2012-2013, bronze peint, 54 x 15.5 x 9 cm, vue de l’exposition « Tomoaki Suzuki » au CAPC de Bordeaux – Photo : Anne Chaput
  • Étienne BOSSUT (1946), La vie est en jeu, 2000, installation composée de 9 éléments de mobilier moulés à l’échelle 1 : 1 et plaques de gazon, moulage en polyester de couleur jaune, rouge, noir et vert
  • Rachel WHITEREAD (1963), Untitled Monument, 2001, résine et granit, Trafalgar Square, Londres
Rachel WHITEREAD, Untitled Monument, 2001, Trafalgar Square, Londres
  • Antony GORMLEY (1950), Another Place, installation en 2005 de 100 moulages en fonte de lui-même face à la mer, Crosby Beach, Merseyside, Angleterre
  • Erwin WURM (1954), Der Idiot, 2010. La série des One Minute Sculptures sont des sculptures éphémères créées par des visiteurs volontaires qui acceptent de suivre les instructions de l’artiste. Dans ce cas, il s’agit de monter sur une estrade, et de se mettre une chaise sur la tête en passant les bras sous les accoudoirs.
Erwin WURM (1954), Der Idiot, 2010
  • Jacques JULIEN, Tailles douces, 2014, ensemble de sculptures couvrant la période 2008-2014, CRAC, Sète. Le travail de l’artiste s’appuie sur l’expérimentation formelle et matérielle de gestes élémentaires : découper, poser, planter, juxtaposer, modeler. Avec un souci constant d’économie, Jacques Julien puise dans l’histoire de l’art pour questionner et renouveler la sculpture.
Jacques JULIEN, Tailles douces, 2014, vue de l’exposition au CRAC de Sète

Références aux programmes

Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques : outils, moyens, techniques, médiums, matériaux, notions au service d’une création à visée artistique

La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques

– Appréhension et compréhension du réel : observer, enregistrer, transposer, restituer

Intention et communication : élaborer, prévisualiser, diffuser un projet ou une réalisation

La matière, les matériaux et la matérialité de l’œuvre

– Question de la cohérence plastique : traitement des données matérielles de l’œuvre visant l’homogénéité ou le composite

Domaines de la présentation des pratiques, des productions plastiques et de la réception du fait artistique : les relations entre l’œuvre, l’espace, l’auteur et le spectateur

La présentation de l’œuvre

– Prise en compte de données intrinsèques et d’éléments extrinsèques à l’œuvre : supports, matériaux, formats, le pérenne, l’éphémère

– Fonctions des dispositifs traditionnels de la présentation de l’œuvre : modalités du cadre, du socle, de la cimaise confrontées aux dispositifs contemporains de présentation

Champ des questionnements artistiques interdisciplinaires

– Mise en espace : œuvre présentée ou représentée face ou au milieu d’un public, usages des potentiels ou des contraintes d’une architecture, d’un espace extérieur.


*Photographie mise en avant : Le socle du monde de Piero MANZONI au Herning Museum of Contemporary Art, Herning, Danemark