Montrez l’émergence de l’ordre à partir du chaos apparent de votre production plastique, ou inversement…
#chaos #ordre #désordre #organisation #arrangement #chronologie #lecture #progression
En fonction des caractéristiques plastiques de cette dernière, faites percevoir au spectateur votre intention, afin qu’il accède à la compréhension de votre démarche.
Objectifs pédagogiques
La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :
- comprendre que le chaos n’est pas du pur désordre : il suit aussi des lois
- identifier une organisation géométrique et déduire des possibilités de sa transformation
- interroger la lisibilité du processus de production
- développer la prise d’initiative et l’autonomie en situation de pratique ouverte
- s’approprier une démarche artistique en s’appuyant sur les notions d’ordre et de chaos.
Questions
Comment concevoir une production plastique dont l’apparence d’ordre ou de chaos des éléments en serait l’enjeu ?
Dans quelle mesure une composition (ou organisation) géométrique ordonne-t-elle une production plastique ?
Dans quelle mesure la réalisation plastique interroge-t-elle votre processus de création ? En quoi votre réalisation fait-elle sens pour le spectateur ?
En quoi la dimension temporelle et séquentielle d’une œuvre est-elle induite par des règles ?
Références artistiques possibles
- Wilson BENTLEY (1865-1931), Snowflake Bentley, 1902, photomicrographie d’un flocon de neige, Mineralogical and Geological Museum at Havard (MGMH), Cambridge, États-Unis
- Richard Paul LOHSE (1902-1988), 6 rangées de couleurs verticales systématiques, 1950 / 1972, acrylique sur toile, 150 x 150 cm, Musée de Grenoble. L’organisation de la grille répond aux contraintes d’un carré latin de 6 lignes et colonnes (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Carré_latin)


- Vera MOLNÁR (1924-2023), Quatre éléments distribués au hasard, 1959, mine graphite et film plastique adhésif collé sur carton, 75 x 75 cm, Centre Pompidou, Paris


- ARMAN (1928-2005), Quand le vin est tiré, 1963, accumulation de capsules de bouteilles de vin en plomb pressées, 163 x 123 cm, Coll. S.M.A.K. (Stedelijk Museum voor Actuele Kunst), Gent, Belgique
- A. Michael NOLL (1939), Vertical horizontal number three, 1964, épreuve gélatino-argentique, image générée par ordinateur, 28 x 21,8 cm, Coll. Michael Noll
- Sol LEWITT (1928-2007), Drawing Series III/2314/A & B, 1969, crayon et encre sur papier, 30,6 x 61,1 cm, MoMA, NY
- Jeff WALL (1946), The destroyed room, 1978, diptyque photographique, caisson lumineux, 159 x 234 cm, Collection of the National Gallery of Canada, Ottawa, Canada
- Tony CRAGG, New Stones – Newtone’s Tones, 1978, installation, morceaux de plastiques rangés au sol en un dégradé de couleurs, 366 x 244 cm, Arts Council Collection, Londres, Royaume-Uni
- Sam FRANCIS (1923-1994), Untitled, 1978, acrylique sur toile, 309,9 × 198,1 cm, Collection SFMOMA, San Francisco, États-Unis – https://www.sfmoma.org/artwork/2013.163
- Tony CRAGG (1949), Blue Horn – Axt, 1982, installation comprenant 40 objets peints classés par leur taille, 175 x 360 x 470 cm, Museum Voorlinden, Wassenaar, Pays-Bas
- Allan Mc COLLUM (1944), Over Ten Thousand Individual Works, 1987-1991, installation de 10000 objets peints et cylindriques en hydrocal (mélange de plâtre et ciment), env. 37 m2, Museum of Modern Art, New York. Rem : les objets sont produits en série, mais sont tous uniques car réalisés à partir de moules combinés en caoutchouc d’objets ménagers.
- Damien HIRST (1965), When the Heart Speaks, 2005, verre, acier inoxydable, acier, fer, aluminium, nickel, bismuth et résine coulée, plâtre coloré et pilules peintes, 132,3 x 198,3 x 10,2 cm, Coll. Damien Hirst and Science Ltd, Galerie Gagosian, Paris


- Jonathan MEESE(1970) et TAL R (1967), Mutter (Mother), 2005 / 2015, installation, technique mixte, dimensions variables (intérieur, env. 150 m2), Statens Museum for Kunst (2005), Copenhague, Danemark, Kunsthalle Düsseldorf (2015), Düsseldorf, Allemagne


- Daniel FIRMAN (1966), Simply red, 2009, sculpture, plâtre, vêtements objets, 230 x 140 x 120 cm, Coll. Daniel Firman
- Ursus WEHRLI (1969), The Art of Clean Up: Life Made Neat and Tidy, 2013, 48 pages, Éd. Chronicle Books, Photos en Bazar, 2013, Éd. Milan
- Armelle CARON (1978), Montpellier / Montpellier rangé, impressions numériques sur toile // environ 90 × 120 cm, Coll. particulière
- Dan Tobin SMITH (1976), The First Law Of Kipple, 2014, installation immersive comprenant des milliers d’objets colorés sur 200 m2 à l’occasion du London Design Festival
- Carson Davis BROWN (1985), #Mass, 2017, installation in situ, divers objets collectés sur place dans la grande surface
- Emmanuelle MOUREAUX (1971), 100 colors no.36 « hitobito iroiro » for UNIQLO, 17 sept. 2021 – 25 juin. 2022. L’installation est composée de 9 000 silhouettes de femmes dans 100 nuances de couleurs différentes, régulièrement alignées en grilles tridimensionnelles, remplissant une vitrine de UNIQLO GINZA store à Tokyo – Emmanuelle Moureaux (vimeo.com)
- Refik ANADOL (1985), Machine Hallucinations. Rêves de nature, 2022, installation immersive (écran de 10 x 10 m), sculpture de données liées à la nature disponibles publiquement et traitées par un logiciel mis au point par le Refik Anadol Studio en collaboration avec l’équipe de recherche quantique de Google AI, l’œuvre visuelle en 3D est accompagnée d’une expérience sonore également basée sur des données générées par des bruits quantiques, Centre Pompidou-Metz
- Ibrahim MAHAMA, Famished Road, 2023, installation, 2000 boîtes de lustreur de chaussures, 5 x 10 m, Collection museum Voorlinden, Wassenaar, Pays-Bas
- Pati GAGARIN https://www.instagram.com/patigagarin/
Ranger : l’ordre rend-il heureux ?, Twist, hebdomadaire culturel d’Arte, 29 min, disponible jusqu’au 07/06/2026 : https://www.arte.tv/fr/videos/121399-006-A/twist
Vocabulaire spécifique
- Composition : organisation intentionnelle des formes, couleurs et textures dans un espace délimité, déterminant les relations visuelles et symboliques entre les éléments de l’œuvre. Parmi les éléments visuels d’une composition picturale, il faudra distinguer :
- la forme (rectangle, carré, cercle) du cadre et ses proportions
- les plans (premier plan, plan moyen et arrière-plan, ou premier plan, second plan, troisième plan…)
- les lignes directrices, sur lesquelles se répartissent les personnages ou les objets, sont chargées de diriger le regard de l’observateur : lignes réelles ou virtuelles, lignes droites ou courbes
- la direction de ces lignes directrices : les itinéraires visuels qui prennent des chemins verticaux (ascendant ou descendant), horizontaux ou diagonaux
- l’ordre (composition symétrique ou asymétrique, pyramidale ou en triangle, linéaire, diagonale) en fonction des lignes directrices des principaux objets ou personnages de l’image
- la forme : un espace géométrique ou organique
- la couleur et le ton : avec leurs diverses valeurs et intensités, lumières et ombres
- les dimensions et proportions des formes les unes avec les autres
- la perspective : l’expression de la profondeur.
Exemples de compositions :
- composition linéaire (en frise) basée sur une ligne de force qui suit un axe horizontal, elle sollicite la lecture des éléments
- composition en profondeur (ou perspective) : organisant les éléments en couches successives, elle accentue l’illusion de profondeur donnée par la perspective linéaire ou atmosphérique
- composition circulaire : organisée autour d’un centre, elle crée une dynamique de mouvement circulaire ou spiralaire
- composition radiale : les éléments agencés autour d’un point central, comme les rayons d’une roue, attirent l’attention vers un centre ou pour représenter des thèmes de centralité ou d’unité. La composition s’organise en dirigeant le regard vers ce point pour créer une sensation d’unité et de mouvement.
- composition triangulaire ou pyramidale : utilisée pour montrer le pouvoir, la force, la majesté ou la gloire, elle se retrouve dans de nombreuses représentations de personnages puissants. En général, la base du triangle coïncide avec la partie inférieure du tableau.
- composition en ligne serpentine : suggérant le mouvement, elle induit une torsion du corps qui prend parfois une connotation psychologique. Elle marque la stylistique du maniérisme (au 16e siècle)
- composition en diagonale : les éléments disposés en diagonale introduisent une impression de mouvement, de profondeur, ou de tension visuelle, fréquemment utilisée pour des scènes dynamiques ou dramatiques.
- composition symétrique : répartissant les éléments de manière équilibrée de part et d’autre d’un axe, elle crée une sensation d’harmonie et de stabilité.
Exemples : composition/ organisation

Léonard de VINCI, Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus jouant avec un agneau, 1503-1509, huile sur toile, 168,4 × 130 cm, Musée du Louvre, Paris

- Agencement : manière de disposer – de agencer et -ment ; du latin populaire adgentiare, « rendre joli »
- Arrangement : action de disposer les choses d’une certaine manière, en particulier dans un lieu
- Assemblage : procédé artistique consistant à réunir et fixer entre eux divers éléments — objets manufacturés ou fragments — afin de créer une entité plastique nouvelle.
- Collection : ensemble structuré d’objets ou d’œuvres rassemblés en fonction de critères esthétiques, scientifiques, historiques ou de rareté, et constituant un corpus cohérent.
- Installation : forme d’art contemporain dans laquelle des éléments matériels ou immatériels, plastiques ou conceptuels, sont organisés dans un espace déterminé pour produire une expérience perceptive ou réflexive.
- Organisation : mode d’agencement spatial ou structurel des éléments d’une œuvre, qui suggère explicitement ou implicitement une extension ou un prolongement dans l’espace.
- Typologie : méthode d’analyse et de classification visant à identifier, définir et ordonner différents types au sein d’un ensemble, afin d’en faciliter l’étude et la compréhension.
À propos de
Vera MOLNÁR (1924-2023)
Son art, géométrique et constructif, rompt avec tout symbolisme et se centre sur des questions mathématiques, géométriques. Dans sa recherche d’un art programmé, elle se lie avec des artistes qui, tel François MORELLET, s’intéressent aux formes élémentaires et à un art fondé sur le choix d’un système. Portant, elle introduit dans la rigueur minimale de ses œuvres une certaine quantité de hasard, un soupçon de désordre venant troubler imperceptiblement ses constructions formelles.
Sa pratique est en effet fondée sur une pratique exploratoire, expérimentale portant sur la forme, sa transformation, son déplacement, sa perception. Elle recommence sans cesse, revient sans trêve au point de départ, sans jamais considérer comme achevé, acquis et clos le développement d’un travail. Elle trouve à partir de 1968, grâce à l’outil informatique, un moyen de démultiplier les propositions et d’enrichir son processus de création. Ses recherches d’une extrême rigueur s’appuient sur des méthodes empruntées à la recherche scientifique et témoignent d’une réflexion théorique sur les mécanismes de la création.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vera_Molná
Hommage à Vera Molnar à Dürer par Diana Lange : https://openprocessing.org/sketch/102677/
Albrecht DÜRER (1471-1528), Melencolia I, 1514, gravure, 24,1 × 19,1 cm
En mathématiques, un carré magique d’ordre n est composé de n2 entiers strictement positifs, écrits sous la forme d’un tableau carré.
Ces nombres sont disposés de sorte que leurs sommes sur chaque rangée, sur chaque colonne et sur chaque diagonale principale soient égales.
Composantes | Compétences | Niveaux de maîtrise |
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Pratique plastique et artistique | Trouver des solutions aux problèmes rencontrés, réajuster la conduite le projet par la prise en compte de ce qui est susceptible de transformer la démarche artistique et la production plastique | Je comprends et utilise à escient les propriétés plastiques des supports, des matériaux et je sais réajuster mon projet, afin d’aboutir à une meilleure cohérence de ma réalisation. |
Porter un projet jusqu’à son terme, de prendre la mesure de l’évolution de sa démarche, du projet initial à la réalisation finale | Je fais preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite de mon projet artistique. | |
Culture artistique | Choisir ses propres moyens d’expression en fonction d’un projet | Je m’approprie des questions artistiques en les reliant à ma pratique et en développant une réflexion personnelle. |
Références aux programmes
Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques : outils, moyens, techniques, médiums, matériaux, notions au service d’une création à visée artistique
La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques
– La ressemblance et ses codes : relation au modèle, tirer parti de l’écart avec la réalité (potentiel plastique et sémantique), spécificités propres aux différentes pratiques (picturales, sculpturales, photographiques…)
La figuration et l’image ; la non-figuration
– La figuration et la construction de l’image : espaces et dispositifs de la narration (séquences visuelles, polyptyques, installations…)
La matière, les matériaux et la matérialité de l’œuvre
– Les propriétés de la matière, des matériaux et les dimensions techniques de leur transformation : repérer et exploiter les qualités (physiques, plastiques, techniques, sémantiques, symboliques…) des matériaux pour créer en deux ou trois dimensions…
Domaines de la formalisation des processus et des démarches de création : penser l’œuvre, faire œuvre
L’idée, la réalisation et le travail de l’œuvre
– Projet de l’œuvre : de l’idée au projet et à la réalisation de la production artistique, diversité des approches et des moyens sollicités
*Photographie mise en avant : vue de #Mass (2017) de Carson Davis BROWN